la vie des gens d'ici

Publié le 5 Février 2024

LA CULTURE DU PARTAGE

contributeur wikipedia - pertuzé _ morburre - reseaux sociaux

 

"Encyclopédie collective en ligne universelle multilingue". Rien que ça !? C'est ce que dit Wikipédia de lui-même. L'autoportrait continue : "librement réutilisable" (ça c'est vrai que c'est sympa pour le blogueur que je suis) à condition de le citer, "objectif" (l'est-on jamais tout à fait ?) "et vérifiable, que chacun peut modifier et améliorer". 2,5 millions d'articles en français ! 17 000 contributeurs actifs dont Pertuzé, sous le pseudonyme Morburre (variante pour "morbleu" en gascon), jusqu'en 2020.

Notre illustrateur-auteur-chercheur consultait l'encyclopédie pour ses propres investigations.

Précisément, le dessin reproduit ci-dessus est un joli cadeau humoristique que Pertuzé/Morburre fit à un collègue-contributeur, anonyme et bénévole (c'est la règle sur Wiki), qui lui avait déniché une information rare. Une reconnaissance de dette virtuelle en quelque sorte. Jolies trompettes de la renommée...

Pertuzé contribuait activement, avec ou sans illustrations, à partir de ses acquis documentaires, à la rédaction de nombreux articles parmi lesquels ceux concernant Lectoure bien sûr, les Lactorates gallo-romains, les autels tauroboliques, la fontaine Diane, la fin de la maison d'Armagnac, Bladé mais également ceux que ses goûts éclectiques le conduisaient à illustrer ou à complémenter, les bersagliers, le jazz, le cinéma, les Pyrénées...

Concernant l'histoire récente de Lectoure, il faut mentionner l'article sur l'inventeur de la photographie couleur, Louis Ducos du Hauron (voir ici) que Pertuzé développe en 2017, un illustre qui ne sera honoré à Lectoure qu'en 2024. Ou encore l'article consacré au peintre Charles Naillod (voir ici) que Pertuzé initie en 2013, lectourois sur la fin de sa vie et que l'on redécouvre heureusement aujourd'hui.

Ci-dessous, deux exemples d'illustrations wikipédiennes très originales, non connectées à Lectoure, signées Morburre, avec les liens correspondants, sans que l'on sache dire ce qui a conduit notre illustrateur à s'intéresser à ces sujets, ponctuellement peut-être.

Passo di corsa, caricature d'après Fanfara bersaglieri di San Donà di Piave. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bersagliers

La Mariée morte, ou La Morte Fiancée, légende juive remontant au XVIe siècle. https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Mari%C3%A9e_morte

 

Concernant les contributions de Morburre à la rédaction même de ces articles de l'encyclopédie en ligne, outre Ducos du Hauron et Charles Naillod cités plus haut, prenons un seul exemple. Il nous ramène à l'histoire de Lectoure bien sûr.

Si Morburre/Pertuzé n'a pas initié lui-même l'article Musée Eugène-Camoreyt de Lectoure (voir ici) créé par un certain Polmars en juin 2011, il intervient dès février 2012 et à partir de ce moment, à de nombreuses occasions. Il développe en particulier le paragraphe consacré aux cultes païens, qu'il érigera en janvier 2013 en un article spécifique Autels tauroboliques de Lectoure (voir ici). Cette copie d'écran (détail) de l'historique de l'article consacré au musée démontre la progression minutieuse de cette communication. Le wikipédien est précis et persévérant.

La copie d'écran peut être agrandie par un clic droit

Pertuzé effectue, à partir de sa documentation personnelle, que l'on peut imaginer riche, une mise en forme intelligible et accessible, ce qui manque souvent à la science historique (mais l'histoire est-elle une science ?) de l'état des connaissances à un instant T. Il illustre ces articles où il est expert et principal contributeur de fait, de ses propres photos, de grande définition. Les autels tauroboliques en particulier y sont intégralement présentés avec en regard les inscriptions latines et leur traduction. Alors, ce n'est plus l'artiste qui nous ravit mais le communicant, le passeur qui nous étonne.

Notons ici une anecdote. Pertuzé se fâchait méchant quand on osait dénier à Lectoure la place de première collection d'autels tauroboliques ah mais !...

Cependant on ne le redira pas assez, Pertuzé intervient bien au-delà de Lectoure. Il faudrait recenser tous les articles de wikipédia auxquels il a contribué, je crois qu'on serait étonné.

La disparition de Jean-Claude Pertuzé en 2020 a fait l'objet d'un très grand nombre d'hommages appuyés de ses collègues contributeurs qui prouvent l'importance de son investissement et sa place éminente dans cette exceptionnelle entreprise collective du savoir en ligne. Pertuzé avait trouvé là une sorte de famille intellectuelle, une communauté du savoir partagé, et pourquoi ne pas dire une véritable vocation ?

                                                                                  Alinéas

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Rédigé par ALINEAS

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Publié le 3 Janvier 2024

 

aguilhoners - guilloné - pertuzé - chanteurs gascogne avent noel - premier de l'an - bonne année

A l'occasion de l'hommage qui sera rendu à Pertuzé en mai prochain dans sa ville de Lectoure, nous sommes heureux de vous souhaiter une bonne année avec cette superbe illustration des aguilhonèrs en train de pousser leur aubade devant la porte que l'on a bien voulu leur entrouvrir dans la nuit glaciale. Oui, c'est vrai, les superlatifs reviennent souvent dans cette série de chroniques consacrées à notre illustre illustrateur. Superbe, magnifique... Mais vous ne trouvez pas qu'il le mérite ? Sur le thème de la musique cette fois-ci.

Les aguilhonèrs sont ces groupes de jeunes gens qui allaient autrefois, pendant la période de l'Avent, de maison en maison, pour demander, en chanson, des victuailles, noix, œufs, farine, voire de l'anis et des citrons, qui leur permettaient de confectionner le pain qui serait béni pendant la messe de Noël. On pense que leur nom vient du grand bâton qu'ils tiennent, sorte de pique-bœuf, et qui sert éventuellement à se battre car les bandes rivales se croisent en chemin et peuvent alors être tentées de se dégourdir... Si on ne leur ouvre pas la porte d'ailleurs, le chant traditionnel peut aussi tourner au charivari, qui est une autre façon d'orchestration, quelque peu désordonnée et cocasse celle-là. Dont je ne vous dis pas les paroles... Restons classique.

 

 

 

e Gascon aime chanter. Et danser. Pertuzé je ne sais pas, mais il dessine joliment bien la musique gasconne. Cependant, on apprend dans un portrait qui lui a été consacré* qu'il aimait travailler dans son atelier, au calme, au fond du jardin, sur des accents "Jazzy" nous dit-on. Tiens, voilà qui nous fait faire un petit détour sur les chemins des musiques du monde. Car notre illustrateur n'est pas limité par le périmètre musical Pyrénées-golfe de Gascogne-Garonne. Pertuzé est passé à Jazz in Marciac, bien sûr. Pris sur le vif, ce croquis-caricature réjouissant du clarinettiste de réputation internationale Jacques Gauthé, encore un Gersois , en 1991, en est le témoin.

pertuzé - marciac - larinestiste - gauthé

 

Autre registre, mais ne me demandez pas comment ni pourquoi Pertuzé illustre l'article de Wikipédia consacré au film Un violon sur le toit. Un violoniste, perché sur un toit, tente de jouer un air de virtuose tout en maintenant son équilibre. L’image est inspirée des tableaux de Marc Chagall. C'est le Juif moyen d’Europe de l'Est, confiné au 19ième par l'empire russe entre la Lituanie et l'Ukraine (tiens, tiens...), vivant bon an, mal an dans son petit village, parfois depuis des générations, en se raccrochant à ses traditions.

pertuzé - violon sur le toit - violoniste - wikipedia

 

Revenons en Gascogne. Pertuzé a plusieurs fois illustré et réemployé l'histoire de son ancêtre Berdolles, joueur de vielle à ses heures. Histoire vraie qu'il situe autour de la Révolution. Alors qu'il était employé à faire danser une noce du côté de Fleurance, le bal terminé, Berdolles dut rentrer chez lui, à Lectoure, tard et de nuit. En traversant la grande forêt du Ramier, sentant une présence derrière lui, il se retourna et vit qu'il était suivi par le loup. Tremblant de peur, il eut la présence d'esprit de marcher en jouant de son instrument, ce qui intrigua la bête et la tint à distance. Arrivé chez lui, le pauvre musicien pris de fièvre, mit trois jours à s'en remettre et à pouvoir conter son étonnante aventure. De l'intérêt de savoir jouer d'un instrument. Mais peut être l'effet de magie est-il lié à la seule vielle ? Il eut fallu renouveler l'expérience avec le pipeau ou l'harmonica...

loup - vielle - berdolles - pertuzé - foret du ramier - lectoure - fleurance

 

Enfin, pris dans le mouvement de renouveau occitan dans les années 70, dont il est lui-même une icône avec sa BD Les Contes de Gascogne, renouveau en particulier de la musique et de la chanson traditionnelle, l'artiste lectourois illustra magnifiquement la pochette du disque Tresòrs Gascons rassemblant les interprètes et les groupes vedettes de l'époque, Los de Nadau (devenu Nadau tout court, il remplit encore 50 ans plus tard, les salles géantes, Olympia, Zénith, les églises, les placettes de villages, surtout de Navarre mais de France aussi), Perlinpinpin fòlc, Ferrine flòc et Henri Laffont. Pertuzé imagine ce couple de jeunots, déterminés face à l'apathie ambiante, en blue-jeans et Clarks, décontractés, lui cheveux longs mais béret tout de même, elle cheveux défaits, faisant la leçon à l'ancien :

- Non Papi, ce n'est pas vieux, c'est la musique de notre terre. Écoute. Tu entends ça ?

folklore gascon - folklore occitan - perlinpinpin folk - ferrine floc _ henri laffont - nadau - los de nadau - pertuzé

 

Tiens, en voilà un petit morceau : Carnaval Qu'es Un Brave Omi

                                                                                   Alinéas

 

SOURCES :

L'extrait de la chanson La guilloné est tiré du recueil Poésies populaires de Gascogne de Jean-François Bladé, T2 Ed. Maisonneuve 1882.

* 50 têtes d'affiches en Midi-Pyrénées, Collectif. Editions Bahia Presse. 1994

- Le clarinettiste Jacques Gauthé https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Gauth%C3%A9

- Un violon sur le toit https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_violon_sur_le_toit

- L'histoire de l'ancêtre vielleux : http://lactorate.over-blog.com/2019/12/le-vieux-menestrel.html

 

 

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Rédigé par ALINEAS

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Publié le 4 Novembre 2023

Jean-Claude Pertuzé (1949 - 2020) est célèbre pour avoir mis en bande dessinée un choix de contes de Gascogne, collectés près de cent ans auparavant par un autre Lectourois, Jean-François Bladé. Mais Pertuzé a eu une carrière beaucoup plus complète et riche. Illustrateur de presse, affichiste, pyrénéiste, portraitiste, contributeur de l'encyclopédie en ligne Wikipédia, il aborde de nombreux thèmes, littérature jeunesse, humour, érotisme, lexicologie, ésotérisme, histoire, celle de notre ville en particulier qu’il n’a jamais oubliée et dont il voulait écrire et illustrer une chronique originale, mais le temps lui a manqué. C'est cette diversité de registres qui nous a fait choisir le sous-titre de la manifestation programmée en 2024, reprenant et adaptant une de ses devises :

" L'illustration en tout sens ".

 

Jean-Claude Pertuzé

 

Le carnet d'alinéas lui avait déjà rendu hommage peu de temps avant son décès [ voir ici ], mais en ne reproduisant alors que des illustrations autour de Lectoure. Or, précisément, on s'aperçoit que les Lectourois eux-mêmes, qui sont les plus nombreux lecteurs de ce blog ne connaissent pas l'étendue de la carrière de cet artiste. L'hommage que nous nous sommes chargés d'organiser au printemps prochain pourra corriger ce manque et explorer ses différents talents.

Puisqu'il s'agissait de présenter et de commenter une collection de publications illustrées par l'artiste lectourois, dont certaines sont déjà consultables à la Médiathèque-Info jeunes de notre ville, le projet a été soumis à l'origine à ce service culturel communal, qui a sans hésiter, marqué son intérêt. Complété et précisé avec l'équipe de la Médiathèque, le programme de la manifestation a été présenté à la Municipalité qui l'a agréé.

Les bibilothécaires Anne Depis et Sabah Medjaour en compagnie de Michel Salanié, coordinateur de l'Hommage à Pertuzé

Un comité d'organisation bénévole est constitué regroupant, outre votre serviteur et rédacteur de ce carnet d'alinéas, Jean-Claude Ulian, Saint-Clarais, le viel ami et auteur d'un certain nombre d'ouvrages illustrés par Pertuzé, Hugues de Lestapis, journaliste, qui a édité pendant plusieurs années le magazine gratuit Le Canard gascon et Aline Salanié de la maison d'hôtes La Mouline de Belin, qui se charge du secrétariat, des relations publiques et qui organisera l'accueil pendant la manifestation.

De gauche à droite, Michel Salanié présentant le visuel de la manifestation, Hugues de Lestapis, Aline Salanié, Jean-Claude Ulian, Pascal Mazzonetto pour les Gasconnades et Jacqueline Marro pour Lectoure à voix haute.,

D'ores et déjà deux associations lectouroises nous ont rejoints. Les Gasconnades proposera un conte de Bladé en gascon, accompagné d'une projection de la bande dessinée du même texte en français par Pertuzé. L'association Lectoure à voix haute de son côté, lira des textes rédigés par le natif de Lectoure, anecdotes, souvenirs et pensées inspirées de son pays toujours aimé. Le détail des manifestations sera publié au tout début de l'année prochaine.

Une page Facebook consacrée à cet Hommage à Pertuzé diffusera des informations au fur et à mesure du développement de ce projet et en particulier, une série hebdomadaire intitulée "La Pertuzé de la semaine" qui permettra de commenter, dans la bonne humeur qu'il suscitait, les différentes facettes de l'art de notre illustre illustrateur.

                                                                            Michel Salanié

Les personnes ayant connu Jean-Claude Pertuzé sont vivement invitées à nous apporter leurs témoignages et à prendre contact.

Pour toute information :

Courriel : pertuze.lectoure2024@gmail.com

Aline Salanié Tel. 06 26 18 52 00

ou bien la Médiathèque

Courriel : bibliothèque@mairie-lectoure.fr

Tel. 05 62 68 48 32

 

Suivez-nous sur la page Facebook "Hommage à Pertuzé".

Chaque semaine une illustration est commentée.

 

Hommage à Pertuzé

 

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Rédigé par ALINEAS

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Publié le 19 Octobre 2023

monument aux morts lectoure

Trois noms de soldats morts en Indochine sont gravés en lettres d'or dans le granit gris de notre monument du souvenir. Le 8 juin dernier, Lectoure honorait plus particulièrement l'un d'eux, Maurice Lalague, "Mort pour la France" en Indochine en 1954. Soit il y a 70 ans "à peine". Ce n'est donc pas une éternité, ni le Moyen-Âge, pas plus d'un siècle en arrière comme les poilus de la longue litanie de la "grande guerre" qui est lue chaque année, cérémonieusement, le 11 novembre. L'image de nos grands-pères s'estompe, y compris ceux ayant survécu à la boucherie. Les anciens combattants de 39/45 ou d'Algérie, et les plus "jeunes", ceux des opérations extérieures (OPEX) pour employer la terminologie administrative (177 opérations recensées depuis 1959, parmi les plus connues Zaïre, Tchad, Centrafrique, Liban, Ex-Yougoslavie...), ceux qui sont heureusement revenus, sont là pour nous rappeler à notre devoir de mémoire.

Alors, pourquoi a-t-il fallu attendre 70 ans pour inscrire le nom de Maurice Lalague sur cette stèle ? Ce sont les mystères des arcanes de l'Administration, militaire de surcroît, mais il faut préciser que son corps n'a jamais été retrouvé et que, engagé dans la Légion étrangère, il avait dû, c'est la tradition pour les hommes de rang, déclarer au moment de son incorporation un autre patronyme, Delbeck, et une autre nationalité, Belge, ceci pouvant expliquer cela. Un de ses parents ayant remarqué son absence sur notre monument aux morts, communiqua avec le général Eric Boss, président du comité de Lomagne du Souvenir Français, qui engagea les procédures et obtint enfin la rectification.

Lalague rejoignait ainsi deux autres Lectourois, "Morts pour la France" en Indochine : Louis Dugros et Maurice Toquebens. Mais les familles lectouroises de ces morts, et de ceux revenus vivants aussi, se demandaient bien mordiù !, pourquoi aller se battre, et surtout finir, de l'autre côté de la planète ?

 

trois morts pour la france MPLF en indochine

Pour l'opinion publique, influencée par la propagande communiste, la guerre d'Indochine était une "sale guerre". Surtout méconnue, incomprise, elle est aujourd'hui oubliée. Pourtant la présence française dans cet extrême Orient a été importante et pas toujours noire. Ni blanche.

Notre chronique ne prétendra pas écrire l'Histoire de l'Indochine. Cependant. Derrière l'imagerie exotique qui a pu motiver un européen à s'aventurer, explorateur, évangélisateur ou artiste, la colonisation du sud-est asiatique est évidemment politique et économique.

indochine francaise - pnom penh - cambodge - vitenam - laos - cochinchine - annam - tonkin
Affiche de promotion du tourisme en Indochine

 

Les premiers européens à s'installer durablement dans le Sud-Est asiatique, ici comme en Afrique, sont les religieux. Le pouvoir politique, déjà sous Louis XV, sera conduit à accompagner les missionnaires français, pour leur protection et celle des populations autochtones qui adoptent en nombre la religion catholique, sans toujours renoncer à leurs pratiques animistes. Prétexte ou vision civilisatrice, chacun jugera, sans doute est-ce un tout et la physionomie d'une époque. Très vite, la concurrence avec les autres nations, l'Angleterre en particulier (installée au Siam, actuelle Thaïlande, en Birmanie, Indonésie, Hong-Kong), conduit la France à s'imposer, à établir des positions militaires et commerciales, à signer des traités de collaboration avec les pouvoirs traditionnels. En 1862, l'Empereur d'Annam, Tú Dúc, cède à la France les territoires du sud qui deviennent la Cochinchine, colonie administrée directement par la métropole. Les deux autres régions vietnamiennes, l'Annam, plaine côtière le long de la mer de Chine et le Tonkin au nord resteront des protectorats, comme le Cambodge et le Laos. Dans cette région du monde règne une très grande diversité ethnique qui alimente des luttes fratricides permanentes, dont la France pourra s'instituer l'arbitre. Contre les impérialismes de l'empire Annam, prochinois, et des Thaï (dominés par le Royaume Uni), elle représentera un certain équilibre et une présence pacificatrice. Le Cambodge et le Laos se verront reconnaître une autonomie au sein de l'Union française. Les échanges commerciaux de la métropole avec la Cochinchine et le Tonkin seront très florissants. La culture de l'hévéa est introduite et la forte demande de caoutchouc due au développement de l'automobile dans l'entre-deux-guerres provoquera un boom économique. Le thé, le riz, la soie sont également prisés de la métropole. Une bourgeoisie indochinoise nait, laborieuse et cultivée. Cette création de richesse permet en parallèle le développement d'infrastructures modernes, réseau routier et éducation en particulier. Hanoï au nord et Saïgon au sud prennent des allures de villes de province de France. Le lien fort entre nos pays et leurs populations, encore sensible aujourd'hui, date de cette période faste.

hanoï - hué - Saîgon -ho chi minh ville
Hanoï, capitale du nord

 

Mais la deuxième guerre mondiale va marquer un tournant et la fin de cet âge d'or. Déjà avant-guerre, sous la troisième république finissante, trop distante, instable et ignorant les subtilités asiatiques, l'administration française en Indochine commet un certain nombre d'erreurs, fiscalité injuste, passe-droits et décisions arbitraires, vexations religieuses ou ethniques, qui dresseront une partie de la population indigène contre la puissance coloniale et sèmeront le grain du sentiment nationaliste là où n'existait qu'une multitude de minorités concurrentes qui recherchaient auparavant auprès de la France protection et reconnaissance.

En 1940, le Japon envahit la région tout en ménageant la souveraineté française. L'administration militaire sous l'autorité du gouvernement de Vichy est conduite à composer, ce qui lui sera reproché. En 1944, les États-Unis bombardent les positions japonaises en Indochine. Les Japonais investissent alors et désarment les unités françaises par surprise. Les officiers et les dirigeants de l'administration coloniale sont arrêtés, certains sont exécutés, décapités à coup de sabre. Puis, en passe d'être anéanti par les bombardement atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, le Japon encourage le Vietnam, le Laos et le Cambodge à réclamer leur indépendance. La France est chargée par les Alliés de reprendre le contrôle de la région mais elle se heurte très vite au Viêt-Minh, parti communiste créé en 1930 à Hong Kong sous l'impulsion du Komintern (issu de l'ex-Internationale communiste) et du Parti Communiste chinois, qui, à dominance ethnique tonkinoise se révèlera être hégémonique. La guerre d'Indochine débute en 1946. Nommé commandant en chef et haut-commissaire en décembre 1950, le général de Lattre de Tassigny déclare : "La guerre d'Indochine n'est pas une guerre coloniale, c'est la guerre contre la colonisation rouge. Nous nous battons pour la paix et la liberté du peuple vietnamien." C'est dans ce contexte que nos trois Lectourois seront engagés en Indochine.

 

LOUIS DUGROS

Né dans une famille d'agriculteurs installée sur la route conduisant à Castelnau-d'Arbieu, très tôt remarqué par ses professeurs pour ses qualités intellectuelles, Louis Dugros est reçu au concours d'entrée à Saint-Cyr dont il est diplômé en 1935. Il est commandant de compagnie lorsqu'il arrive en Indochine au sein d'une demi-brigade de la Légion étrangère. Il participe aux opérations destinées à débusquer l'ennemi infiltré dans le delta du Mékong, enchevêtrement pestilentiel de rizières, de forêt dense et de canaux (rach) qui favorise les embuscades meurtrières.

louis dugros - mort pour la france lectoure - légion étrangère - saint cyr
Louis Dugros à droite, dans la moiteur du delta du Mékong

C'est au cours d'une de ces opérations embarquées sur LCM (barge de guerre dotée d'une porte avant basculante) et d'un accrochage à terre, que Louis Dugros, alors capitaine, est tué par un tir d'obus "ami", mal dirigé par la Marine qui assure la couverture d'artillerie. Son corps sera rapatrié en métropole. L'officier lectourois aura les honneurs de la Nation. Depuis une chapelle ardente installée à l'hôpital, le convoi funèbre remontera lentement la rue Nationale, depuis le boulevard d'Armagnac jusqu'au monument aux morts, alors dressé devant la cathédrale, escorté par un détachement militaire en grande tenue et sous les ordres d'un officier général. La citation qui énumère ses faits d'arme conclue ainsi : "S'impose à tous par son calme et son courage souriant".

 

MAURICE LALAGUE

Le sous-officier, issu d'une famille d'artisans installée avant 1920 rue du Campardiné, qui a rejoint ses camarades sur notre monument aux morts cette année seulement, appartient à la même arme que Louis Dugros, la Légion étrangère. Après avoir effectué son service militaire, Maurice Lalague s'engage dans la Légion en Algérie en 1937. Progressant dans la hiérarchie, attaché aux troupes qui poursuivent en 1944 la Wehrmacht, du Rhône au Danube, il participe à l'occupation de l'Allemagne nazie défaite.

lalague - delbecq - légion étrangère lectoure
Un légendaire képi blanc

Maurice Lalague effectuera trois séjours en Indochine à partir de 1947. En 1951, sergent-chef, il y est volontaire. Son unité est affectée à la zone entre l'Annam et le Tonkin où l'armée française tente de contenir le Viêt-Minh alimenté par la Chine voisine, devenue communiste en 1949, sanctuaire où il se replie après chaque coup de boutoir. C'est lors d'un accrochage et en tentant de secourir un compagnon blessé que Maurice Lalague disparaîtra. Son corps ne sera pas retrouvé. Le Souvenir Français de Lomagne a fait inscrire son nom sur la tombe de regroupement du carré militaire, adjacent au cimetière dit "des Sénégalais".

 

MAURICE TOQUEBENS

La famille Toquebens, originaire du département des Pyrénées-Orientales, s'installe à Lectoure, après la 1ière guerre mondiale. Le père de Maurice est employé des Postes. Certains se souviennent encore de sa mère, dite "Bébin", un personnage attachant, dans sa maison du boulevard du Midi, évoquant avec émotion la fin dramatique de son fils.

Maurice Toquebens quitte l'école après le certificat d'études. Il effectue son service militaire au 1ier régiment de Hussards à Auch puis, suivant l'exemple de son frère ainé, intègre l'école de la Gendarmerie Nationale de Chaumont (Haute-Marne). Il est affecté en Algérie en 51-52 et arrive en Indochine en 53, débarquant à Saïgon dans le cadre des Légions de Marche de la Garde Républicaine en Extrême Orient (LMGREO). Il se fait rapidement remarquer pour son audace en opération. Son autorité naturelle conduit ses supérieurs à le désigner pour prendre le commandement d'une compagnie de supplétifs indochinois.

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Maurice Toquebens, coiffé du fameux chapeau de brousse de l'armée française en Indochine

C'est en conduisant ses hommes dans une zone difficile du Tonkin, qu'il est capturé en décembre 53 par le Viêt-Minh. Il passera plusieurs mois d'internement sans que son unité ou sa famille n'aient aucune nouvelle de lui, jusqu'à ce qu'un de ses compagnons libéré témoigne et date son décès approximativement en juin 1954. Le nom de Maurice Toquebens a été donné à la caserne de Gendarmerie Nationale de Lectoure.

On sait le sort terrible des prisonniers soumis pendant des mois dans les conditions extrêmes de la jungle tropicale, au joug des pratiques cruelles des gardiens des camps d'internement Viêt-Minh.

De 1945 à 1954, il y a eu environ 37 000 prisonniers militaires du Viêt-Minh, dont 71% sont morts en captivité, soit environ 26 200 personnes, 90% chez les troupes indochinoises ayant choisi la France et qui sont doublement martyrisés par leurs frères de race. Le Viêt-Minh ne reconnaît pas la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre et pendant toute la durée du conflit, la Croix Rouge ne reçoit jamais l’autorisation de visiter les camps dont les installations ouvertes à tous les vents et sans hygiène, livrent les prisonniers à moitié nus aux moustiques et autres bêtes ainsi qu’aux maladies, puis les malades à la mort, quelquefois après un passage à " l’infirmerie ", sorte de morgue immonde d’où l’on ne sort jamais vivant. Parmi les punitions, l’une des plus terribles est le séjour prolongé dans la sinistre "cage à buffles" sous une maison sur pilotis où le prisonnier, attaché à un poteau dans une eau putride sans pouvoir se protéger des piqûres d’insectes, est parfois supplicié jusqu‘à la folie et la mort. Les camps Viêt-Minh présentent tous les mêmes caractéristiques : installations délabrées, insalubrité, conditions inhumaines, endoctrinement systématique, régime alimentaire affamant, saleté et promiscuité, absence de soins pour les malades, sévices à la moindre incartade ou rébellion et donc mortalité très forte sur de courtes périodes. Les morts sont inhumés sommairement, sans linceul ni cercueil, par les prisonniers qui le peuvent*.

L'intervention américaine pour soutenir le régime de la République du Sud-Vietnam, créée au départ de l'armée française après la défaite de Diên Biên Phu, se terminera elle aussi par un désastre. Plus d'un million d'Indochinois, les boat-people, fuira l'instauration du régime communiste au Vietnam et Khmer rouge au Cambodge de sinistre mémoire. Le nombre de victimes du système de goulag institué par le Viêt-Cong après la chute de Saïgon, devenue Hô Chi Minh-Ville, n'est pas établi.

                                                                                      Alinéas

 

Type de jeune femme tonkinoise

* Extrait. "Le calvaire des prisonniers des camps Vietminh-INDOCHINE 1946-1954". www.clan-r.org

ILLUSTRATIONS :

  • Photo titre Michel Salanié
  • Carte Chemins de mémoire. Ministère des Armées.
  • Affiche de promotion touristique Cambodge. Collection particulière.
  • Hanoï Indochine. Carte postale. Collection particulière.
  • Louis Dugros : Légion étrangère. Remerciement famille Dugros.
  • Maurice Lalague : Souvenir français. Remerciement famille Lalague-Dardard.
  • Maurice Toquebens : Gendarmerie Nationale. Remerciement famille Toquebens.
  • Jeune fille tonkinoise. Carte postale d'époque. Collection particulière.

 

 

 

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Rédigé par ALINEAS

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Publié le 19 Décembre 2022

Recevez nos meilleurs vœux, chers abonnés du Carnet d'alinéas. Nous essaierons, pour la 7ème année - mazette ! -  de partager avec vous, proches, voisins, lectourois, pèlerins et randonneurs au long cours, gascons de souche mais surtout de cœur, amis d'outre-France... nos découvertes botaniques, littéraires, vagabondes ou historiques. A ce jour, vous êtes 130 abonnés et de nombreux visiteurs se joignent librement à vous chaque jour, par la recherche thématique (ce cher Google), ou grâce au partage des liens que nous vous encourageons à faire à chaque fois que vous estimez que le sujet le mérite. Ainsi, chaque mois nous enregistrons plus de 600 connexions. C'est une petite fierté et surtout un encouragement.

Pour les amateurs de photos et les observateurs attentifs, ce cliché de Lectoure, versant sud pour une fois, a été pris sur la rive gauche du Gers, disons depuis la route de Terraube, d'ouest en est. C'est cette orientation qui donne le curieux rapprochement perspectif de nos deux clochers, de la cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais et de l'église du Saint-Esprit.

Joyeuses fêtes.

Portez-vous bien et Adishatz !

Alinéas

 

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Rédigé par ALINEAS

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Publié le 10 Juin 2022

Castéra-Lectourois - Mairie - gers - Lomagne

 

Il y a des jardins de roi et des folies de reine, ou de surintendant audacieux, Amboise, le hameau de Marie-Antoinette ou Vaux-le-Vicomte, des jardins d'artiste, Giverny, Arnaga, le charme, la rigueur, des jardins de pauvre, de curé, de bonne-femme, les jardins ouvriers, celui qui sentait bon le métropolitain, la Chaussée-d'Antin... Et puis il y a le Castéra-Lectourois qui n'est pas un village gersois mais bien un jardin. Qui sert de village. Pour respecter le règlement cependant, on y trouve une mairie, une église, un monument aux morts, tous trois s'élevant du mieux possible au-dessus des parterres, des pergolas et des frondaisons pour faire valoir a minima leurs fonctions officielles.

Il y a longtemps, comme son nom l'indique, le Castéra-Lectourois fut une citadelle campée sur son éperon de calcaire, bordée de remparts austères, revêche et obtuse. Citadelle éphémère à l'échelle de l'histoire botanique, de l'origine des fleurs, des arbres et des oiseaux. Car tout passe et depuis, la nature reprend ses droits. Aidée par l'habitant qui a remisé sa science de la bataille et qui habille la ruine de volutes gracieuses, qui installe lianes et potées sous ses fenêtres, qui brode des roses, des chèvrefeuilles et des acanthes aux archères devenues moucharabiés ou cimaises.

N.B. Les photos peuvent être agrandies, en fonction de votre navigateur, par un clic droit et [ouvrir l'image dans un nouvel onglet].

Castéra - architecture médiévale - pierre de ronsard
castéra-lectourois impasse

 

Comme dans tout jardin, la signalisation est minimaliste mais amplement suffisante au promeneur qui va selon son goût, la couleur, le parfum, le hasard. Minimaliste en particulier l'interdiction de stationner, probablement pour le principe, qui oserait ? Le chemin de ronde n'est pas surveillé et l’allumeur de réverbères sait bien que les roses ne font pas exprès de piquer. Elles sont d'ailleurs chez elles ici. L'or de la pierre leur va si bien, leur ombre aussi y fait des bouquets. La grand-rue s'étire et certaines portes ne s'ouvrent pas, sans doute afin que dure le plaisir de l'attente après avoir frappé au carreau.

Castéra lectourois - signalisation
Castéra lectourois - stationnement
castéra lectourois - éclairage public
castéra lectourois - rose - rosier - pierre calcaire de lectoure
castéra lectourois - grand-rue
castéra lectourois - rosier

 

Comme une plante rare héritée du jardin d'un aïeul et à laquelle on tient tel un bijou fragile ou comme un viel almanach écorné, l'église dédiée à sainte Madeleine a fait l'objet de soins attentionnés. Le socle de calcaire du Castéra ayant tendance à se déliter, donnant le meilleur terreau. Citadelle et chaire éphémères. D'impressionnants tirants boulonnés sur le clocher sont festonnés d'églantines et surveillés de près par des compagnies de pigeons qui font du jardin-village une volière à ciel ouvert. A l'opposé du balcon rocheux, dans un parc offrant l'un des plus jolis cadres sur la vallée du Gers, Marie à l'enfant et Madeleine, dressant au monde une croix de dentelle bronze, sont joliment revêtues d'un négligé de lichen. L'ange du monument aux morts aussi qui accroche sa mémoire de fleurs de pierre aux rayons du soleil.

castéra-lectourois - église marie-madeleine - clocher
castéra-lectourois - rénovation église
castéra-lectourois - croix de mission
castéra-lectourois - Vierge marie - Marie-Madeleine
castéra-lectourois - monument aux morts

 

Chaque versant du jardin a son thème. Au sud, le Castéra-Lectourois prend des couleurs de Méditerranée. Cactus, lavande et agave s'exposent avec exubérance en terrasses rocailleuses, contrastant avec la réserve de la grand-rue. Derrière son mur d'enceinte que l'on dépasse aisément sur la pointe des pieds, maison-jardin dans le jardin-village, une mi-bourgeoise, mi-gasconne hésite entre ombre et lumière, entre bonne compagnie et secret, entre citadelle et faubourg, faubourg qui s'étire inévitablement au-delà vers le monde. Puis le paysage rejoint le jardin, la vallée le balcon, une fleur de pierre orne le mur d'un cimetière et l'on reposera heureusement au panorama de Gascogne. Enfin, au nord, aujourd'hui, le jardinier du village monte à l'assaut des remparts où la nature, sauvage et obstinée, ne renonce pas. Au jardin-village, chaque jour de travail minutieux compte.

                                                          Alinéas

 

castéra lectourois - jardin de rocaille
castéra lectourois - jardin méditerranée - exotique
castéra lectourois - maison  gasconne - maison bourgeoise
castéra lectourois - grangette
castéra lectourois - cimetierre - croix celte
catéra lectourois - jardinier communal

 

 

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Rédigé par ALINEAS

Publié dans #La vie des gens d'ici

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Publié le 23 Mars 2022

 

Ce n'est pas une formule littéraire. Mais bien une évidence, une réalité dont la ville, ses habitants et ses gestionnaires, sont tout à fait conscients, il suffit de se le redire. Lectoure ne serait pas Lectoure sans ses ruisseaux, sans le Gers et sans notre vallée de Foissin, autrefois nommée le Saint-Jourdain ou encore les Ruisseaux, le riu correge, le ruisseau des corroyeurs. Le magnifique panorama à 180° qu'offre Lectoure, depuis les remparts ou de loin, naît de son histoire géologique et hydrologique.

Depuis le sud vers le nord, l'abbaye de Saint Gény, la ville gallo-romaine de Pradoulin, la zone industrielle, le chemin de fer, l'usine de traitement d'eau potable, l'agriculture, les moulins, l'artisanat médiéval... l"Histoire de la ville ne se résume pas en un tête-à-tête entre l'évêque et le vicomte de Lomagne, rue Nationale ou à l'abri des remparts.

On vit dans la vallée, on y travaille. Lectoure doit réapprendre ses vallées, les protéger pour se protéger elle-même.

Voici une sélection des photos projetées pendant la première des "Rencontres aux Ruisseaux" organisée par l'association des Amis de la vallée des Ruisseaux du 11 mars dernier.

                                                                           Alinéas

 

Toujours dans la vallée de Foissin :

Les petits fruits sauvages

La faune

L'arrivée du chemin de Compostelle à Lectoure

 

 

Tous droits réservés © Alinéas

 

ruches froid gascogne
Le Rucher de Lectoure sous le givre

 

vaches bovins gascogne chemin de saint jacques
Dernier élevage, à Lauzère

 

La maison aux volets bleus

 

neige lectoure gascogne lomagne froid
Hiver 2012, -18°

 

cheval blanc lomagne gascogne
Sur le chemin de la fontaine Saint-Michel

 

marcheurs proximité ville village randonnée randonneurs promenade
Le poumon de Lectoure

 

chateau gascogne chêne
La chartreuse du Couloumé

 

ligne électrique paysage gascogne
Au pied du cimetière Saint-Esprit

 

tunnel plastique jardin légume fruits rouge gascogne lomagne
Maraîcher à Brescon

 

GR 65 lectoure groupe
Pélerins

 

balle de foin gascogne lectoure prairie
Les foins

 

chemin fontaine saint michel gîte
Maison d'hôtes à la Mouline de Belin

 

paysage bocage lectoure gers gascogne lomagne
Les hameaux, les moulines et la vallée du Gers

 

tracteur sécheresse
Terreforts argilo-calcaires

 

Maisonette aujourd'hui disparue

 

Chemin de Compostelle

 

Usine à gaz

 

coquelicot lectoure cathédrale
Point de vue, entre La chapelle et Le plan

 

peuplier vallée du Gers
Ancien moulin de Repassac, prise d'eau potable de ville

 

puit à roue poulie cour de ferme
Prise d'eau potable individuelle et ancienne

 

lecoure rempart
Vu d'en bas, vert et gris

 

lectoure promontoire belvédère
Vu d'en haut, rue Montebello

 

Tendre sinuosité entrre aulnes, bambous et peuplier noir

 

orage gers gascogne lomagne ruisseau
Fin de journée orageuse sur la ville

 

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Rédigé par ALINEAS

Publié dans #La vie des gens d'ici

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Publié le 23 Décembre 2021

Rédigé par ALINEAS

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Publié le 7 Septembre 2021

Jean-François Bladé - Lectoure - Majoral du Félibrige - Contes et légendes de Gascogne

 

 

Lectoure, tout le monde connaît Bladé. Ou devrait le connaître car cet enfant du pays est l'un des illustres lectourois, civil celui-ci, réputé dans le monde entier pour avoir collecté les légendes et les contes de Gascogne, qui font partie de notre patrimoine ancestral. Si la langue gasconne peine à survivre, des personnages comme l'Homme Vert, le Prince des Sept Vaches d'Or ou encore le Roi des Corbeaux sont toujours aujourd'hui étudiés sur les cinq continents par des chercheurs spécialistes de sciences aussi variées et sérieuses que l'ethnographie, la recherche littéraire ou la folkloristique.

Jean-François Bladé a sa place dans sa ville, en plein mitan de la Rue Nationale, mieux située que la rue et la fontaine Pey de Garros dont nous avons dit ce que nous pensions ici, et surtout mieux tenue et accueillante aux piétons, lectourois et visiteurs. Ce genre d'endroit est suffisamment rare dans cette agglomération à l'étroit dans ses remparts pour ne pas le faire remarquer et s'en féliciter. Et pourtant, à l'installation de ce jardin il y a quelques années, j'avoue avoir fait partie des râleurs, si,si, qui regrettaient qu'on leur supprime une dizaine de places de parking où l'on s'enfournait joyeusement le temps d'une course, pour en ressortir tout aussi acrobatiquement en marche arrière, sous le regard incrédule des touristes bousculés au passage. Un parking pour les gens d'ici quoi ! Mais les temps changent.

Place Bladé - Rue Nationale - Lectoure - Jardin public - Services municipaux - Commune de Lectoure - Mairie de Lectoure - Cantonnier

 

Au contraire, il faut aujourd'hui féliciter la municipalité et ses agents de service pour un remarquable travail de fleurissement en plein cœur de ville. Je me suis laissé dire, qu'en bon gascon, Bladé ne refusait pas les compliments et les honneurs. Il fut élu, il faut le rappeler, Majoral du Félibrige, célèbre association de sauvegarde et de promotion de la culture occitane, inspirée par le grand poète provençal Frédéric Mistral. Si nous ne le connaissons qu'en sépia, en langue ancienne et au travers d'aventures quelque peu surannées, je suis sûr qu'il apprécierait la diversité des variétés florales originaires du monde entier et l'agencement recherché des formes végétales qui n'a rien de traditionnel ou de légendaire. Un jardin d'aujourd'hui.

Bladé aimait les petites gens, les travailleurs de la terre, les besogneux. Ça tombe bien, il faut du savoir-faire paysan, de la minutie et de la constance pour obtenir un joli résultat comme celui-ci. Si, d'après Fernand Raynaud, le cantonnier est réputé pour être "heu-reux", avec lui, dans son paradis fleuri, Bladé doit l'être aussi, c'est sûr. D'ailleurs pour preuve, je crois bien avoir lu sur le mur du jardin, par le jeu d'ombre fugace d'un nuage probablement guidé par le souffle du poète, ces quelques vers d'une chanson populaire qu'il nous a transmise, et que certaine passante d'aujourd'hui pourrait bien prendre pour elle :

Le jardinier, le poète, la passante...

Le jardin de la place Bladé n'est pas une exposition savante ou un musée et le jardinier municipal n'a pas disposé d'étiquettes pour identifier ses fleurs. Alors moi non plus. Je respecte ce jeu d'apparente désinvolture qui convient si bien à la flânerie.

                                                                      ALINEAS

 

 

On me pardonnera : mes photos ne sont pas toutes d'une très grande définition. Impressionnistes peut-être ? Elles peuvent néanmoins être agrandies, en fonction de votre navigateur, par un clic droit puis [ouvrir l'image dans un nouvel onglet].

© Michel Salanié

L'extrait du poème est tiré de Poésies populaires de la Gascogne, Ed. Maisonneuve, 1882.

 

Le lecteur remarquera à droite, l'abeille en approche amoureuse de ce dahlia généreusement offert et ensoleillé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

       

 

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Rédigé par ALINEAS

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Publié le 27 Juillet 2021

village des brocanteurs lectoure antiquaires

 

 

e ne sais pas vous, autochtone ou bien visiteur d'un jour, en marchant rue Nationale ou dans quelque ruelle dévalant la citadelle, j'ai toujours l'impression qu'on m'observe. Non, je ne veux pas évoquer ces fameuses caméras de surveillance urbaine qui, signe des temps, sont arrivées jusque dans notre petit pays pourtant encore tranquille, comme la 5G sur le chemin de saint-Jacques ou le mur du son d'un bombardier à l'entraînement, résonant effrayant au fond du vallon de saint-Jourdain. Non, je ne dirai rien non plus de la ménagère qui épie le passant en soulevant un coin de son rideau de macramé, ni du commerçant derrière son comptoir qui espère, par-dessus ses lunettes, que le chaland se décidera à enjamber son pas-de-porte. D'ailleurs, ce n'est pas nécessairement désagréable, ce regard quelque peu inquisiteur, qui oblige à se bien tenir, à sourire et à saluer, quelle que soit notre humeur ou notre destination du moment. Autrefois, au moindre regard de rencontre, l'on inclinait la tête, ou l'on soulevait le couvre-chef, c'est-à-dire chez nous le béret, les dames étant dispensées. Finalement, échanger un regard comme échanger un mot, c'est déjà faire un premier geste de civilité.

Mais, certains regards dont je veux vous parler, sculptés dans la pierre, le bois, les matières synthétiques aujourd'hui, peints sur toile, ou imprimés et plastifiés ce sera probablement moins durable, sont peu prégnants et l'on a tendance à ne pas les considérer. A tort. Peut-être parce qu'ils sont posés là, un peu bêtement, sur une façade ou sur un piédestal, ad vitam, sous la pluie et le soleil ardent, et qu'il n'y a aucun espoir d'engager le dialogue. Non, ce n'est pas que décoratif. Il doit bien y avoir quelque chose à en tirer. Qu'a voulu dire l'auteur de cette exhibition gratuite ? Quel est le message ?  Il y aura sans doute bien des erreurs d'interprétation. Des refus de collaborer même. Mais déjà, si nos regards se croisent, si, en secret pour ne pas passer pour un fada, on veut bien dire un petit bonjour à ce qui n'est pas tout à fait un objet inanimé, adresser un petit compliment, faites l'expérience, la balade s'en trouvera toute égayée.

Contrairement à ce que l'on prétend parfois, les portes ne sont pas faites pour s'enfermer chez soi, mais bien pour en sortir. Il en va de même des statues. Elles ne sont pas mortes mais nous racontent l'histoire de cette ville, et expriment son caractère. Ce carnet d'alinéas l'a déjà suggéré, trop timidement sans doute, Lectoure s'honorerait à ériger un monument célébrant ses deux plus méritants enfants, Pey de Garros et Jean-François Bladé, qui ont marqué profondément la culture gasconne et porté le nom de leur ville dans les hauts lieux intellectuels. Allez, en attendant un renouveau de la statuaire officielle, je vous emmène. Le Village des brocanteurs est une mine, évidemment c'est tentant. Mais à tous seigneurs, tout honneur, déjà vus mais incontournables, Jean Lannes, qui regarde sans doute vers le soleil d'Austerlitz et notre vaillant jacquet qui s'en retourne tout neuf, guéri et pardonné, vers Le Puy-en-Velay.

                                                                                                   Alinéas

 

Maréchal Jean Lannes lectoure statue
"Pygmée, devenu géant" dixit Napoléon

 

jacquet - pèlerin - lectoure - croix rouge - GR65
Jacquet figurant probablement sur un grand nombre de carnets de pèlerinage.

 

village des brocanteurs - lectoure - art asiatique - cambodge - boudha
Pour voyager exotique : le village de brocanteurs !

 

sculpture - style colonial - nègre - petit noir
Style colonial, ne nécessitant pas repentance

 

village dees brocanteurs - lectoure
Tombée de son piedestal dans le bassin, il fallait la pêcher celle-ci !

 

vierge Marie - lectoure - rue des frères Danzas
Vierge sous protection... anti pigeons probablement.

 

thème voyage - conquètes - Lectoure - navigateur Amérigo Vespucci
Amerigo Vespucci, perdu dans un océan de verdure.

 

maison de la photographie lectoure - été photographique
La maison de la photographie et du géranium réunis.

 

anne-laure Pérès - Lectoure
Anne-Laure se lâche à la sortie de la classe.

 

monument aux morts lectoure - victoire - Carlo Sarrabezolles
La Victoire a été décapée depuis. Mais le lichen lui allait si bien.

 

cul de lampe - cathédrale saint gervais saint protais - lectoure - clocher
Un cul-de-lampe haut perché sur le clocher, perspective de génie pour sembler à hauteur de paroissien.

 

saint gervais - saint protais - lectoure
Saint Gervais, martyr. A moins que ce ne soit son frère, Protais.

 

musée Camoreyt - lectoure - mosaïque gallo-romaine - lactora
Le dieu Oceanus en mosaïque gallo-romaine. Mériterait le grand prix de la BD.

 

salle des illustres - lectoure - général Banel
Pierre Banel, à la tête des soldats de la 1ère République.

 

Prosper Lasseran - Paul Lasseran - sculpteur Lectoure
Linteau sculpté par Prosper Lasseran. Un petit air de satyre, non ?

 

caryatides lectoure
La maison des caryatides. Du haut de cette facade, 25 paires d'yeux vous contemplent...

 

triface - lectoure - rue de Marès
Un tri-face qui aurait très bien pu coiffer un n°9 ter...

 

CREDITS :

La photo du dieu Oceanus, prise dans le musée Camoreyt, est empruntée à Wikipédia - Morbure (alias Jean-Claude Pertuzé).

Toutes les autres photos : © Michel Salanié

La photo-titre de cette chronique est un cadrage serré de la sculpture monumentale trônant devant le Village des brocanteurs.

 

Nous aurions pu légender plus en détail ces œuvres, date, artiste, localisation... mais nous voulions simplement vous offrir une petite balade photographique, sans prétention.

 

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Rédigé par ALINEAS

Publié dans #La vie des gens d'ici

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