La faune du vallon de Foissin, à Lectoure
Publié le 7 Juillet 2020
SAUVAGES
ET SI PROCHES.
Lorsque nous évoquons la faune sauvage, viennent immédiatement à l'esprit les grands espaces de Gascogne, nos Pyrénées si belles, si loin, ou bien la forêt landaise, les marécages. Et puis les contrées lointaines, les déserts, le continent austral, les profondeurs marines. Grâce à des techniques de prise de vue très élaborées, les films animaliers nous offrent un spectacle magnifique. Mais étranger. Car, la plupart d'entre nous ne s'approcheront jamais de ces merveilles de la nature et d'ailleurs, on nous répète comme une punition, qu'il ne le faut pas, que ces espèces sont menacées. Zone interdite.
Mais à Lectoure, à quelques mètres des commerces de la rue Nationale, de la circulation automobile, de nos intérieurs douillets, connectés et climatisés, la faune de la vallée de Foissin voisine avec la ville. Une vraie vie sauvage, belle, libre et cruelle. Scène ouverte tous les jours.
Vous admirerez depuis le balcon du grand bastion ou depuis le belvédère du château des comtes d'Armagnac ce bel oiseau tournoyant majestueusement à plusieurs dizaines de mètres au-dessus des cultures, à la recherche d'un gibier trottinant au sol, imprudemment à découvert. La buse variable. Son cri fait penser à un miaulement bref, plaintif dira l'ornithologue, mais il ne faut pas s'y fier. En été, lorsque les faucheuses et les moissonneuses sont en action, ce sont alors huit à dix couples, sortis des sous-bois de Baqué, qui suivent les machines et chassent en bande, faisant une ripaille de campagnols. L'hiver, l’approvisionnement se fait plus chiche. Et il faut alors s'attaquer à de plus gros morceaux. Plus gros que soi. J'ai découvert ce dernier printemps les traces de la lutte à mort qui a opposé une buse à un blaireau.
Le blaireau pèse 12 kg en moyenne. Contre seulement 1,4 kg au rapace ! Mais l'attaque à revers a dû surprendre l'animal au sol, saisi au cou, le crâne, les yeux et le museau transpercés des coups répétés du bec acéré du prédateur ailé. Il ne restait du blaireau qu'une patte et le crâne. Pas beau à voir. Et de la buse, quelques plumes et... une serre. De quoi donner une idée de la sauvagerie de la lutte.
Je vous propose deux minutes d'un suspense haletant : ici une buse prend en chasse un écureuil, mais je vous rassure, tout finit bien. Cette fois-ci.
https://www.youtube.com/watch?v=4rGnHyGapOU
Une scène quotidienne dans la vallée de Foissin. Bien sûr les cameramans de National Geographic Wild ne sont pas toujours à l'affut. Et puis c'est tellement mieux en direct, même d'un peu plus loin. Asseyez-vous sur ce vieux mur, prenez le temps d'observer, je suis sûr que vous ne tarderez pas à profiter d'une scène de la vie sauvage. A moins de 500 mètres de la civilisation, c'est précieux non ?
Alors voici quelques acteurs de ce théâtre au grand air, au pied de la citadelle. Les photos peuvent être agrandies en principe par un clic droit puis [afficher l'image], selon votre navigateur.
Dans les grands chênes du Couloumé, cet écureuil a trouvé un siège bien moussu pour observer le photographe. Car on se demande bien de quel côté est le spectacle.
Ce n'est pas le Lac mais les chaumes des cygnes. Les inondations de ce mois de mars nous ont permis de profiter du reflet de la danse gracieuse de ce beau couple.
On ne s'en lasse pas, n'est-ce pas ?
La plupart d'entre nous n'aiment pas les reptiles. Mais nous pouvons au moins reconnaître que cette couleuvre verte et jaune est une belle créature. Et, grande amatrice de campagnols, elle est utile.
Le chevreuil, lui, n'est pas apprécié des agriculteurs et des jardiniers, mais du chasseur. En fin de journée, l'animal fait une ventrée de baies d'aubépine qui lui apportent le complément de quelques vitamines précieuses.
Ici, un mâle de deux ans impose sa loi à un plus jeune qui, en signe de soumission, fait une sorte de révérence respectueuse.
Lorsque le soleil se couche, le coassement des batraciens plonge la vallée dans une atmosphère étrangement tropicale.
Lui aussi aime bien les chaumes, mais au sec. Et le potager de la Mouline de Belin aussi...
Mère laie et sept petits. Charmant tableau mais lorsque ces garnements auront atteint la taille adulte, ils risquent fort de faire quelque grabuge.
Pas sauvage pour un sou. A faire craquer ma cavalière, mais là, il y a du travail sur la bête.
Accord des couleurs très recherché. Un héron cendré dans un champ de myosotis. Son vol lent et chaloupé de l'étang de Brescon jusqu'à celui des Ruisseaux est un spectacle réjouissant.
La surprise de l'été. Probablement égarée, enfuie de quelque véranda confinée, la tortue d'Hermann est originaire de Corse et de Catalogne. Dans les zones humides du Gers, on connait la tortue Cistude. Toutes deux sont des espèces protégées.
On pourra leur consacrer un alinéa, mais d'ores et déjà, je ne résiste pas au plaisir d'énumérer les abeilles du rucher de Laurent Duluc. Sauvages ou domestiques ? Besogneuses en tout cas.
Voilà un petit safari photo dans une nature qui mérite admiration et protection, à deux pas et une balade au pied de la ville. Il nous manque quelques vedettes à peine entr'aperçues : le hérisson, le ragondin, le renard... Quant aux petits oiseaux, il faudra nous armer de patience. Et d'un bon téléobjectif.
Alinéas
PHOTOS
Mes clichés de buse et de blaireau n'étaient pas présentables. Aussi, ai-je emprunté
- La buse variable à Yves Hoebeke / Wikimedia
- Le blaireau à Peter Trimming / Wikimedia
- La patte de blaireau à Salix / Wikimedia Commons
Les autres photos : © Michel Salanié