la vie des gens d'ici

Publié le 26 Mai 2025

gascogne gascon tradition folklore occitanie

Les trois natifs de Lectoure, chacun célèbre dans son domaine, Pey de Garros, poète et linguiste, Jean-François Bladé, folkloriste et Jean-Claude Pertuzé, illustrateur, ont contribué à faire vivre et transmettre la culture gasconne. Ils sont aujourd’hui reconnus. Jean-Claude Pertuzé a été honoré en 2024 et la ville a donné son nom à la médiathèque. Bladé a sa place fleurie rue Nationale et Pey de Garros un des jolis carrelots qui regardent les Pyrénées.  Cependant tous trois ont également vu, à un moment ou un autre, leur œuvre contestée, voire empêchée. L’Histoire ne retient que les batailles, victoires et défaites confondues. Elle ne glorifie que les puissants. Or elle n’est pas exclusivement faite de ces évènements politiques majeurs, certes décisifs. L’Histoire est aussi intimement tissée de tous ces fils du quotidien que sont la langue, la famille, les traditions, les légendes, les croyances, l’art, le savoir-faire paysan et artisanal, la beauté des lieux…

Les trois Lectourois sont-ils eux-mêmes responsables de cette résistance au succès de leur message ? Quel est le poids de l’Histoire ? Ils ont en effet traversé, et notre ville avec eux, des périodes exceptionnelles pendant lesquelles la Gascogne a connu de profonds bouleversements. Or, les lieux ont une influence sur l’œuvre. Y a-t-il un « syndrome gascon » ? Michel Salanié a cherché les explications à ce phénomène commun aux trois « illustres » de Lectoure. Histoire littéraire comparée.

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Publié le 28 Avril 2025

pertuzé livres dicitionnaire

 

image vaut mille mots aurait dit Confucius, philosophe lointain et donc vierge de toutes nos polémiques, auquel on attribue de profondes pensées, pratiques pour situer le débat. Vues les quantités de dessins exécutés par Pertuzé, la Médiathèque de Lectoure qui prend le nom de l'illustrateur des contes de Gascogne et autres Rampono, Jean de l'ours ou Pyrène va pouvoir pousser ses murs. 

En voilà une bonne idée ! Installer des rayonnages supplémentaires dans les rues qui dévalent vers les ruisseaux, sur le macadam des parkings et, débordant des remparts devenus inutiles, jusque dans l'herbe fraîche des jardins bourgeois parfois négligés de nos jours trop prospères. Faire de cette étroite patrie une bibliothèque gargantuesque. A l'heure où un nouveau Moyen-Âge brûle les livres, loin d'ici... 

- Mais attention, si près d'ici aussi ! 

... donner à ce précieux service public, au sens noble du terme c'est-à-dire au service du public, le nom d'un artiste à la fois fidèle à son pays et esprit libre, est un bel engagement.

Heureusement, sa ville ne lui a pas dressé une statue. Heureusement car rebelle et iconoclaste, ce que l'on pourra trouver paradoxal pour un illustrateur, il se serait fâché. Ou s'en serait moqué. D'ailleurs, aujourd'hui, les statues ne servent qu'à être déboulonnées... Alors, ni bronze, ni marbre s'il vous plaît, mais de la fiction, de la poésie, du savoir, de l'Histoire, du patrimoine, de l'art, du rire, tout ce dont la médiathèque de Lectoure est richement dotée et que Pertuzé croquait à pleine mine. 

La bibliothèque municipale de Lectoure a été créée dans les années 80, dans le cadre des politiques publiques destinées à favoriser la lecture sur l'ensemble du territoire français. Les Bibliothèques Centrales de Prêt installées au niveau des départements avaient pour mission de diffuser le livre dans les communes de moins de 15000 habitants. Le bibliobus, qui existe toujours dans le Gers, permettait de desservir les villages isolés mais les communes plus importantes qui le souhaitaient, et qui le pouvaient, se dotaient progressivement de locaux pour compléter le système départemental par la constitution d'un fonds géré à demeure. La bibliothèque municipale de Lectoure était alors installée à la mairie, dans le local aujourd'hui réservé aux archives. Les bibliothécaires étaient bénévoles jusqu'en 1998. Sur cette photo datant de 1996, madame Cardeilhac officie. On remarque sur une vitrine, et c'est significatif, une affiche de Pertuzé, "Hep, garçon un livre !" faisant la promotion d'une manifestation littéraire à l'espace EDF du Bazacle à Toulouse.

bibliothèque municipale lectoure

Car la création des bibliothèques municipales générait un mouvement culturel rassemblant tous les acteurs locaux. A Lectoure, les manifestations se multipliaient autour du service public municipal, de la bibliothèque paroissiale, des libraires de la rue Nationale, des établissements scolaires, de Lectoure en poésie, l'association de la très dynamique madame Ricau-Hernandez, etc... L'impulsion des pouvoirs publics avait ouvert la voie. La Médiathèque de Lectoure poursuit aujourd'hui cette politique de partenariat en organisant de nombreux évènements animés par des artistes, des auteurs, des animateurs, des associations telle Lectoure à voix haute, dans les domaines les plus variés, à destination des lecteurs, jeunes et adultes.

On se plaint beaucoup aujourd'hui et l'on craint pour l'avenir de la lecture. Mais toutes les études montrent que la France est un des pays où la pratique de la lecture est la plus développée. Il n'y a qu'à regarder l'abondance des ouvrages sur les rayonnages des libraires, des buralistes et jusque dans la grande distribution qui profite du phénomène en créant des espaces dédiés à la culture. Quel chemin parcouru en un siècle ! Certes, l'arrivée du livre virtuel, l'emprise des réseaux sociaux sur notre temps libre, et les inquiétudes provoquées par l'émergence de l'intelligence artificielle, les deux termes pouvant (encore) nous apparaître antinomiques, posent question.

Pertuzé avait très vite eu l'intuition du sens de l'Histoire de la communication et de la culture et pris en marche le train du web. Peut-être y était-il incité par une maladie qui limitait ses déplacements, mais également friand des contacts humains alors qu'il était très réservé, il s'était doté de différents sites internet et devint un contributeur très actif et apprécié de l'encyclopédie en ligne wikipédia (voir ici). Ce qui ne l'empêchait pas de pester contre l'écriture "fonéticotomatic". On se souvient d'un de ses billets, incendiaire, qui renvoyait, à son dictionnaire quelque internaute vraiment trop illisible. Mais ce combat n'est pas gagné...

Aujourd'hui, installée dans un espace confortable, rue Saint-Gervais, inauguré en 2006, la bibliothèque de Lectoure a intégré les outils vidéo et informatique pour devenir médiathèque. Elle fait partie du réseau du Centre Régional Information Jeunesse (CRIJ) de la région Occitanie, une association qui a pour but de favoriser l’accès à l’autonomie des jeunes, les aider à utiliser l’information comme un élément stratégique de leurs prises de décisions, tout au long des étapes de leurs parcours. Lecture, autonomie, parcours de vie... belle mission !

infos jeunes lectoure

 

En 1977, lorsque Pertuzé publie pour la première fois ses Contes de Gascogne, la bande dessinée n'est pas encore reconnue comme un genre littéraire à part entière. Que ce soit chez les éditeurs, les enseignants ou les critiques, on regarde encore " les illustrés" de très haut, au mieux comme une sympathique distraction. Aujourd'hui, qualifiée de 9ième  art, elle occupe une place importante sur les rayonnages des médiathèques. Et pas uniquement dans les thèmes fiction, jeunesse ou humour. La BD a investi tous les sujets, éducatifs, informatifs ou scientifiques. Par ailleurs Pertuzé n'était pas seulement bédéiste. Illustrateur et graphiste, il a apporté son concours à nombre de publications historiques, sociologiques, ethnologiques. Par ailleurs, Pertuzé graphiste travaille sur le sens des messages à l'aide des formes graphiques qu'il utilise sur tout type de supports. Il est alors un médiateur qui agit sur les conditions de réception et d’appropriation des informations et des savoirs qu’il met en forme. En tant que graphiste aussi, Pertuzé est un passeur. Mille mots disait Confucius...

mediathèque lectoure

Rue Saint-Gervais, à l'entrée de la médiathèque, auprès d'un petit square où, comme un symbole, la lumière entre abondamment au cœur de la citadelle qu'il parcourait, enfant, dans de joyeuses équipées, l'autoportrait de Jean-Claude Pertuzé, malicieux, semble dire au passant : " Entre donc ici : tu vas trouver ton chemin ".

                                                                              Alinéas

  • Illustration L'armoire à confitures d'alphabet © Pertuzé.
  • Photo Bibliothèque municipale de Lectoure en 1996 © MAC. Avec nos remerciements.
  • Photos de la médiathèque Jean-Claude Pertuzé en 2025 © Michel Salanié.

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Rédigé par ALINEAS

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Publié le 3 Novembre 2024

commerce mulassier - muletiers - convoi de mules mulets ânes

Où vont-ils ces fiers montagnards qui se laissent portraiturer par la célèbre artiste peintre animalière Rosa Bonheur ? On ne dira pas que leur chemin est "muletier". Pas vraiment escarpé comme veut l'exprimer cet adjectif. Plutôt un col largement ouvert, entre Gascogne et Catalogne ou Navarre d'outre-Pyrénées. Convoient-ils quelque marchandise d'un côté à l'autre de la frontière ? Mais leurs bâts semblent peu remplis. Alors, peut-être conduisent-ils ce troupeau d'ânes ou de mulets à destination du marché espagnol des bêtes de somme ? Car le commerce "mulassier" a été florissant pendant plusieurs siècles entre les deux pays. La foire de la Saint-Martin de Lectoure était une de ses étapes réputées.

A tout saint tout honneur. Commençons par Martin.

 

MARTIN, UN SAINT À SUCCÈS

Martin est l'un des saints patrons de France, celui des soldats, des policiers, des maréchaux-ferrants, des meuniers... Il est également le protecteur d'un très grand nombre d'églises, chapelles et bâtiments conventuels. 223 communes lui doivent leurs noms ! Enfin, Martin est le nom de famille le plus fréquent de notre pays encore aujourd'hui. A ce succès plusieurs explications. La principale est le fait qu'au Moyen-Âge, la charité est la première qualité chrétienne, celle qui permet de s'assurer d'accéder au paradis. On ne mesure plus aujourd'hui l'importance fondamentale de cette croyance qui a, ce carnet l'a démontré, contribué énormément à la (bonne) conduite en société, et celle de notre ville en particulier à l'époque de la création de l'hôpital du Saint-Esprit par exemple (voir ici). Or, Martin est réputé pour le geste de charité par excellence : il a partagé son manteau avec le mendiant. L'illustration de Pierre Joubert est là pour appuyer le message spirituel : le glaive du soldat Martin est l'instrument du partage entre le fort et le faible.

saint martin - mule - foire de la saint martin - marché aux mules


Martin, né en 316 en Pannonie, actuelle Hongrie, est officier de l'armée romaine d'occupation en Gaule. Il se fait remarquer très tôt par son sens du partage allant jusqu'à distribuer sa solde. En garnison à Amiens, un soir particulièrement rigoureux de l'hiver 334, il divise sa cape pour couvrir un nécessiteux transi de froid. Les reliques de cette cape (capella en latin) seront conservées à Tours, puis à Aix-la-Chapelle donnant naissance au mot chapelle ce qui démontre l'importance accordée à cette histoire. Martin quittera l'armée, se fera ermite puis sera élu évêque par les habitants de Tours eux-mêmes. Néanmoins il continuera de vivre pauvrement, parcourant la campagne pour répandre la bonne parole et dispenser ses bienfaits. Bien sûr un certain nombre de miracles lui sont attribués et, pour qu'il soit sanctifié, certains ont été reconnus par l’Église. L'histoire de sa vie, rapportée par l'un de ses compagnons et disciple, est considérée comme un ensemble alternant faits réels et légendes. Martin parcourt l'empire romain. L'âne, le mulet et la mule sont le moyen de locomotion habituel du prédicateur. Cependant Martin n'est pas le saint patron des muletiers. C'est saint Eloi. Alors, pourquoi les marchés aux mules avaient-ils souvent lieu à la saint-Martin, le 11 novembre ?

 

LE MARCHÉ DU POIDS LOURD DE L'ÉPOQUE

attelage de mules - attelage voiture

Voilà encore un déficit de notre mémoire collective. Je ne voudrais pas passer pour un père la rigueur distribuant dans ce cybercarnet, comme un tableau d'honneur, bons et mauvais points, mais les ânes, mules et mulets ne sont pas considérés aujourd'hui à la mesure de leur contribution à notre Histoire. Il ne reste d'eux aujourd'hui dans notre langage quotidien que les quolibets, les moqueries et les insultes que ces animaux y ont légué bien malgré eux. "Espèce d'âne !", "Quelle mule celui-ci !", "Âne bâté va", ou encore "Avance bourrique !". Et j'en passe.

Un âne bâté

Autant d'expressions qui négligent le fait que la bête est parmi les plus intelligentes, et qu'elle a été la plus utile des auxiliaires de l'activité humaine. Heureusement, là où elle apparaît encore aujourd'hui dans notre décor, pour notre distraction cette fois, spectacles, balades touristiques et foires justement, elle provoque en général notre affection, sentimentaliste et quelque peu anthropomorphique mais cela vaut mieux qu'un claquement de fouet.

Et puis il y a le précieux travail de conservation des éleveurs. Car, si l'âne est une espèce à part entière, mules et mulets eux, nécessitent l'intervention de l'homme pour naître car ils sont le fruit de l'accouplement, qui n'est pas tout à fait dans l'ordre naturel des choses, entre une jument, de la race cheval, et un âne. Mules et mulets ne se reproduisent pas entre eux pour donner naissance à une nouvelle race, sauf quelques rares exceptions que l'on comptabilise et que l'on analyse en tant qu'anomalies. Aussi faut-il, pour obtenir chacune de ces bêtes, et l'on dira pourquoi elles sont recherchées, s'y reprendre sans fin. Chaque région a progressivement sélectionné son type de mulet, en fonction de la tâche qui lui est affectée traditionnellement et des qualités qui s'imposent : ici traction de voiture, là portage de charge, ailleurs plus rarement mais cela s'est vu, le labour, le treck aujourd'hui (voir ici le site des Mules de Soula auquel nous avons emprunté la photo ci-dessous). Et la monte bien sûr, et pas uniquement celle du pape. En tant que monture, mules et mulets, à condition d'être bien dressés, soignés et conduits sont en effet préférés au cheval, trop haut, trop vif, fragile et cher. Pour le labour le bœuf est certes plus fort mais dans certaines configurations il est moins facile à diriger, lent et trop lourd. Mules et mulets sont réputés pour pouvoir porter de lourdes charges, jusqu'à 100 kilos, sur des longues distances et sur des chemins escarpés qui seront de ce fait qualifiés de "muletiers", nous voici revenu dans nos Pyrénées.

mule chargement de bois

 

Le commerce mulassier trouve son origine en Poitou. Car la région de Niort s'est fait une spécialité de la production de mules et de mulets, en particulier grâce à la sélection d'une race de cheval de trait de lignée flamande, le "Poitevin mulassier", dont la jument accouplée au baudet du Poitou, un âne de forte taille, donne des individus robustes et intelligents. Ainsi, historiquement, un trafic commercial s'est développé qui conduisait les jeunes mules et mulets depuis l'ouest de la France dans les régions qui en avaient besoin, montagneuses et isolées, du Massif Central et des Alpes de Provence, et jusqu'aux Pyrénées lorsqu'ils étaient destinés au marché espagnol, sur le chemin qui nous intéresse.

En effet, l'Espagne a longtemps été dépendante de la production de mules et de mulets de France. Les jeunes bêtes étaient élevées dans l'objectif d'être présentées aux négociants espagnols, à l'automne, à maturité, sur les marchés du Sud-Ouest, dont Lectoure. Parquées jusqu'au printemps au pied du massif, elles passaient les cols et parvenaient sur les foires de printemps du nord de l'Espagne.

carte chemins  foires commerce mulassier

 

Par ailleurs, et ce n'est pas anecdotique, mules et mulets ont eu leur heure de gloire. Lors de la conquête de l'Ouest américain où ils tiraient les chariots des colons. Plus reconnaissants que nous le sommes... les américains ont créé un musée de la mule à Bishop en Californie https://www.mulemuseum.org/

musée mule mulet

Puis, autre fait d'arme, c'est le cas de le dire, le mulet était l'animal de bât des régiments de Tirailleurs marocains du général Juin et de la 1ère Armée Rhin et Danube du maréchal de Lattre de Tassigny, ceux qui ont enlevé le Monte Cassino et les Vosges aux Allemands en 1944. L'état-major allié a reconnu que seules ces unités de l'armée d'Afrique française pouvaient "success the job". C'est donc avec humour mais sans dérision que l'on a dénommé les goums marocains "Royal brêle force".

royale brele force - mule mulet goumiers marocains - rhin et danube

 

Mais revenons à Lectoure. Et à la foire de la Saint-Martin.

 

LES EFFETS D'UN BON GOUVERNEMENT

Si nous ne disposons pas, semble-t-il, de document historique la datant avec précision, la foire de la Saint Martin de Lectoure est beaucoup plus ancienne que les 41 ans que lui attribue timidement son comité d’organisation actuel. Il est dommage de ne pas rappeler cette histoire édifiante bien que les références à la charité chrétienne et à la mule ne fassent plus recette. Cette dernière expression est d’ailleurs tout à fait adaptée car dès l’origine, la recette financière a été considérée comme nécessaire aussi bien par les autorités laïques que religieuses. Les archives ne nous disent pas non plus qui a institué ce rendez-vous annuel dans notre ville, l’un des deux co-seigneurs, vicomte ou évêque, ou bien les consuls ? Peut-être les trois de concert, pour une fois intéressés au même plan.

Les foires apparaissent en Europe du 11ième au 14ième siècles, parfois mentionnées dans certaines coutumes qui énumèrent les libertés traditionnelles, orales à l’origine puis consignées par écrit, accordées aux populations par le seigneur des lieux. En fait de libertés, il s’agit plutôt de règles d’organisation qui conditionnent la paix sociale et donc l’activité économique. Ou bien est-ce l'inverse ? Car le développement rapide de la société au Moyen-Âge s'explique par la conjonction intime du progrès technique, de la croissance démographique, de la productivité, du rôle des corporations professionnelles et des échanges commerciaux, des foires par conséquent.

Ce pourrait être une vue de la Lectoure médiévale, ce détail (agrandissement possible par un clic droit) de l’impressionnante fresque siennoise d’Ambrosio Lorenzetti intitulée « Les effets d’un bon gouvernement sur la cité » exprime parfaitement l’idée. Ou l’idéal… Pas moins de cinq mules y apparaissent aux côtés des acteurs économiques, artisans, commerçants, paysans, maçons sur les toits et même un enseignant et ses écoliers, dans une ville à l’architecture opulente. Ânes, mules et mulets symbolisant le transport de marchandises, rouage essentiel de l'activité commerciale.

sienne - palais de la paix - ambrosio lorenzetti

En effet, comment prêcher la charité si la société dans son ensemble est misérable ? C’est la production de richesse qui permettra d’accorder aux plus démunis le minimum vital. C’est en tout cas le raisonnement, ou la justification, des maîtres de la cité. L’Eglise en particulier a donc souvent favorisé les foires. La vénération du saint patron, les autorisations de quêtes accordées exceptionnellement ce jour-là aux ordres religieux charitables s’accordent avec le commerce qui favorise la production, laquelle à son tour contribuera au rendement de la prochaine dime. Tout le monde y trouve son compte. Charité bien ordonnée commence par... les revenus de l'évêque.

Il existe de nombreuses foires de la Saint Martin en France. Autour de Lectoure citons Duras, Aurillac, Pau et plus près l’Isle-Jourdain, concurrente de nos jours puisque le chaland est volage et peut, d'un coup de cheval vapeur, ou électrique désormais, préférer le pays de Savès à la Lomagne. Mais certaines de ces manifestations sont devenues de " simples " fêtes foraines où s’offrent à foison et avec force sonorisation barbe à papa, pain d'épice industriel blistérisé et autos-tamponneuses. A Lectoure, l’économie locale y trouve cependant encore son compte, commerçants et artisans du cru y côtoyant les associations et les stands purement festifs. Bien entendu, la charité n'a plus rien à gagner ici, désormais dépendante de la solidarité nationale, et règlementée.

Mais pourquoi, la Saint Martin a-t-elle été inscrite si tard sur le calendrier annuel, au risque de se faire assez souvent tremper, comme une soupe ? Ce n’est pas chaque année l’été de la Saint Martin. Il faudrait pour répondre à cette question, fondamentale quand il s'agit d'un rendez-vous de plein air comme un pique-nique ou la kermesse paroissiale, remonter à la bulle du pape, conservée aux archives du Vatican, qui l’a décidé ainsi. Cependant, il est évident que toutes les foires d’automne, quel que soit le saint invoqué, permettaient d’entrer dans l’hiver en se défaisant des stocks de biens périssables, générant de la trésorerie en prévision des investissements de la prochaine saison, et en même temps, à tant que faire, en festoyant avant la période d’hibernation dont nous avons oublié les rigueurs. Une sorte de solstice commercial. Une ripaille exutoire qui n'attend ni Noël ni saint Sylvestre. Et lorsque les mulassiers espagnols, après la foire, ne pouvaient pas faire traverser par leurs bêtes les Pyrénées déjà enneigées, ils campaient sur place en attendant les beaux jours. A l'époque, comme tout, le commerce international suit les saisons.

foire agricole gascogne

 

Enfin Bladé, notre incontournable passeur, rapporte une histoire de loup qui prouve s’il le fallait la réalité de la foire aux mules de Lectoure.

" Alors, les juments poulinières et les jeunes mules qu’on élève pour les vendre aux Espagnols, à Lectoure, le jour de la foire de Saint-Martin, demeuraient seules dans les prés de la rivière de l’Auroue".

Une histoire de loup, de mule... et de romaine, celle-ci n’étant ni une jolie marchande, ni le nom de la route qui longe le Gers au pied de la citadelle, tracée par l’Empire, civilisateur et commerçant déjà, mais la balance qui a réglé les transactions de nos foires, marchés et étals d’échoppes pendant des siècles.

balance romaine - bladé - le loup malade - lectoure foire de la saint martin

                                                             Alinéas

ILLUSTRATIONS :

- Rosa Bonheur, Muletiers espagnols traversant les Pyrénées, 1857.

- Pierre Joubert, Martin partageant sa cape, in Saint Martin, soldat du Christ, Jean-Louis Picoche, ed. Elor 1996.

- Carte postale Attelage de mules - Environs de Cahors, cliché Viguié, Collection particulière.

- Âne bâté, attribué à Raymond Brascassat.

- Mule chargée de bois. www.lesmulesdesoula.com

- Carte des chemins mulassiers entre la France et l'Espagne, in "Le commerce des mules entre la France et l'Espagne à l'époque moderne : l'exemple du Val d'Aran et des Pyrénées centrales", Patrice Poujade, Annales du Midi 1999, pp. 311-324.

- Logo du musée de la mule à Bishop, Californie.

- Compagnie muletière, 1ère Armée française Rhin et Danube, https://rhin-et-danube.fr

- Ambrosio Lorenzetti, Allégorie et effets du bon et du mauvais gouvernement, Palazzo Pubblico de Sienne (détail). https://fr.wikipedia.org/wiki/All%C3%A9gorie_et_effets_du_Bon_et_du_Mauvais_Gouvernement

- Carte postale Jour de foire à Labouheyre (Landes), Cliché Bernède, collection particulière.

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Publié le 23 Octobre 2024

Veuve de guerre - morts pour la france Lectoure - devoir de mémoire - pupille

 

L’officiant proclame un à un les noms gravés sur le marbre du monument. Avec la gravité que l’on doit à ceux qui ont donné leur vie pour la patrie. Après chaque nom honoré, il s’interrompt. Une seconde voix ajoute, comme une sentence, l'écho sinistre : « Mort pour la France ». La cérémonie se répète chaque année depuis plus de cent ans. Il le faut car qui lirait les noms gravés dans le marbre ? Et pourquoi le sont-ils ? Le temps de mémoire est un fondamental devoir collectif. Les guerres se succèdent et l’on fait à intervalle un peu de place sur la stèle. La liste est longue. La triste litanie des 36 000 communes de France. Pro patria.

Tout en écoutant j'essaie de mettre un visage sur ces noms d’homme du pays de Lectoure. Mobilisés, rassemblés à la gare, au pied de l'antique rempart dérisoire. On s'embrasse. On pleure. Certaines femmes sont restées à la maison. Par pudeur. Paysan béret, bourgeois canotier. Qui espéraient bien revenir. Et puis la canonnade. Et puis la boue. « Mort pour la France ».

Alors que rien dans le cérémonial ne le suggère, derrière chaque nom, comme un écho à la sentence, j’imagine un prénom de femme. « Mort pour la France », Lucie... « Mort pour la France », Francine... « Mort pour la France », Marie. Le prénom de celle qui a entendu la terrible formule sur le pas de la porte. Mère, épouse, promise… Formule entendue pour la première fois de la bouche du gendarme missionné par le ministère de la guerre : « Mort pour la France ».

L’officiant poursuit. Des prénoms d'hommes d’autrefois, surannés : Elie, Alphonse, Aristide. « Mort pour la France ». Des prénoms d’arrière-grand-mères : Augustine, Euphrasie, Léontine… Et d’autres plus familiers : Albane, Marguerite, Sereine, car comme les guerres, les prénoms reviennent.

Une fois le gendarme reparti, sa triste mission accomplie, les formules de compassion toutes faites, elle devra être forte, ne pas s’effondrer. Vivre. Vivre seule. Vivre pourtant. Et à son tour porter l’annonce, au père, qui retournera au travail, un peu plus vouté, à la mère, amputée de son amour de mère. L’amour de ses entrailles. Indicible. Les enfants. Leur dire. Surtout leur parler. Le manque du père n'a pas de guérison. Pupilles de la nation. Une rente pour salaire, comme un rappel comptable du deuil. Veuve de guerre. « Mort pour la France ».

Elle n’ira pas crier « Victoire » le jour venu, et se joindre à la foule en liesse, les flonflons… Comment pourrait-elle danser ? Comment ne pas en vouloir au monde entier, aux hommes qui font la guerre, en vouloir à l’Homme, au genre, à tous les hommes, au gouvernant, le chef, l’ennemi ? … Il y a des veuves d’ennemi. Comment dit-on « Mort pour la patrie » en allemand?

Puis, viendra le temps de faire la paix avec son deuil. Elle prendra sur elle, assumera sa tâche et son rôle de femme, de mère. Il y a la litanie, il y a le devoir de mémoire. Et puis il y a la vie.

                                                           Alinéas

 

Bien sûr des noms de femmes sont également gravés sur nos monuments aux morts. De nombreuses résistantes de la seconde guerre mondiale. Preuve s’il en fallait qu’il n’y a pas de sexe faible face à la tyrannie. Et aujourd'hui encore. Le deuil n'a pas de sexe.

Les PFAT (Personnel Féminin de l’Armée de Terre) ont leurs héroïnes. Je me souviens de Madeleine F., infirmière du Corps Expéditionnaire Français en Italie (CEFI), de l’armée d’Afrique du général Juin, rayonnante en treillis au volant de sa jeep marquée à l’étoile US du côté du Garigliano.

Geneviève de Galard, d’origine lomagnole, Terraube étant le berceau de cette très vieille famille, « l’ange de Dien-Bien-Phu » s’il faut donner un nom de légende au devoir simplement accompli, fut « un grand soldat ». Décédée récemment, Toulouse a baptisé une place à son nom.

Aujourd’hui, la femme est combattante, marin, aviatrice, parachutiste, pilote d’hélicoptère, chasseur alpin, plongeuse du combat du génie…

                                                       

femme soldat - femme militaire - féminisation armée française
Sergent Laura, Commando parachutiste CPA 20 - www.defense.gouv.fr

Photo titre : Monument au morts d'Equeurdreville (Cotentin).  Emilie Rolez, sculptrice (1896-1986) et Stèle du monuments aux morts de Lectoure (photo M. Salanié).

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Publié le 15 Août 2024

lectoure gers - tour du bourreau - tour de corhaut

es historiens n'en font pas cas, et pourtant l'Histoire du rempart de notre ville n'est pas finie. En effet, le promeneur observera que la nature reprend ses droits après la reddition de la ville et le bourreau ayant remisé sa hache dans la tour d'angle désaffectée.

Et c'est un triomphe ! Car certaines fleurs apprécient particulièrement le profil stratégique de cet ouvrage pourtant sévère, l'aplomb les protégeant des coups du cantonnier méticuleux, l'espace dégagé leur offrant une cimaise gargantuesque à la vue des galeries voisines de Baqué, Sainte-Croix et de la vallée du Gers. Fleurs abondant malgré, ou plutôt grâce à un sol maigre, interstitiel, car c'est leur régime, leur discipline. En quelque sorte un champ de conquête botanique là où le bâtisseur pensait installer un glacis minéral. Peut-être ces sauvageonnes, Coquelicot au nord, Giroflée au sud, ailleurs Valériane ou Cymbalaire des murailles, encore appelée "Ruine de Rome" justement, trouvent-elles leur vitalité dans le terreau de l'Histoire ? Mais Rome n'y est pour rien à Lectoure, au contraire. La Pax Romana avait établi la colonie industrieuse dans la plaine, grasse et paisible, sur la voie rectiligne menant de Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges) à Agen. L'empire protecteur ayant chuté sous les coups de boutoir des Wisigoths, et les Vikings cabotant entre Agen et Auch, les Lactorates orphelins jugèrent préférable de se réfugier sur la colline, de fait réinvestir l'oppidum de leurs prédécesseurs Celtibères. Et le dresser plus encore. Les temples antiques démantelés donnèrent de la bonne pierre de taille. Les autels sacrificiels de la bonne fondation. Le menu peuple se blottit au mur des églises. Les jardiniers investirent la place, pacifiquement. Les poulaillers fleurirent. Le rosier Pierre de Ronsard et la cerise Napoléon aussi.

lectoure gers - jardins de ville

 

Alors, le seigneur des lieux, vicomte de Lomagne et d'Auvilar, avant d'offrir dans une corbeille nuptiale ce nid d'aigle à l'ambition de la maison d'Armagnac, s’installât à l'extrémité de l'éperon rocheux qui fut barré au fur et à mesure du développement du bourg par autant de remparts et de fossés que nous avons aujourd'hui de ruelles perpendiculaires à l'artère commerçante.

lectoure gers - ruelles - rue nationale

 

Mais l'Histoire rattrape toujours l'ambition. Un château trop prétentieux ne fait que focaliser les efforts des adversaires qui alors se liguent et mettent le siège. Au pied du système défensif, bien installés sur la prairie bordant les ruisseaux poissonneux et au chaud des salles meunières déguerpies, dix mille cavaliers à l'écusson de Louis le onzième, autant de gens d'arme et les ribaudes qui vont avec, patientèrent jusqu'à ce que la ville tombe comme un fruit mûr, si ce n'est le rempart lui-même. Aujourd'hui, puni, arasé, occulté, n’impressionnant plus personne, le vestige du château d'Armagnac émerge à peine entre l'hôpital-usine et les cimetières où fraternisent paroissiens et tirailleurs sénégalais. Au pied de la citadelle, le paysan retourne l'humus des vieilles batailles.

lectoure gers - hopital - chateau des comtes d'armagnac - cimetière

 

Le vieux Cazeaux racontait à Jean-François Bladé que les Bohèmes vivaient là, dans quelque semblant de grotte, sous les fenêtres de l'hospice du Saint-Esprit. Le macadam périphérique a recouvert leurs danses, leurs chants, guitare mauresque et tambourin. Personne ne reverra plus l'Homme Vert qui parle aux oiseaux, qui est le maître de toutes les bêtes volantes.

 

- Par les moustaches du pape ! reprenait un narquois grisonnant qui avait servi, voilà des gouttières d'églises qui vous crachent du plomb fondu mieux que les mâchicoulis de Lectoure.

Lorsqu'il lance tous les truands, les estropiés et les coquillards de la cour de miracles à l'assaut de Notre Dame de Paris, Victor Hugo n'est pas encore passé à Lectoure, qu'il ne distinguera d'ailleurs qu'en contre-plongée, depuis le relais de poste du Pradoulin, lors de son voyage retour en diligence depuis les Pyrénées en 1843, en parcourant dans la journée l'étape d'Auch à Agen, route décidément très fréquentée. Dommage, car le grand écrivain se double d'un fantastique peintre de châteaux, murailles et vestiges romantiques. Pas de mâchicoulis de ce côté d'ailleurs ; le rocher fondamental suffit, sauf à retenir le duc de Montmorency, sauf à repousser la logorrhée iconographique de notre siècle voyeur et selfiste, mon cyber-carnet y compris.

lectoure gers - été photographique

 

Au sud, chics et exotiques, ses gloriettes exposées à la ronde, selon la saison ou l'heure qui provoquent son humeur de vieillard, le mur d'enceinte resplendit des neiges de Pyrène, émerge incertain à la vue des citadelles concurrentes dans les brouillards automnaux ou bien, immodeste malgré les assauts du temps, s'enflamme aux couchers de soleil glorieux.

 

Au pied de la ville ceinte, Diane ne s'est jamais baignée à la fontaine Hountélie qui sourd de la muraille, les vestales de Cybèle peut-être, le troubadour pourra le chanter si l'historien n'ose. Ce matin lumineux, sans cérémonie, ni grand prêtre, ni saint Clair martyr, comme un passe-muraille cette élégante silhouette d'un temps pandémique disparaîtra derrière la tour colossale qui semble contenir la ville blottie dans ses bras tentaculaires.

lectoure gers - fontaine diane - saint clair

 

Le vieux routier grisonnant de la cour des miracles avait raison, ce rempart a autrefois été coiffé de mâchicoulis, de tours, de bastions et flanqué d'une barbacane, imposant système servant de sas d'entrée à la porte principale de la ville, disons à l'endroit de notre poste actuelle, croissants chauds, un maréchal d'Empire le regard perdu vers le Danube, les premiers boulistes d'une journée comme une autre... Là, refermant la boucle de sa balade, revenu au présent qui s'impose, le promeneur doit faire un peu preuve d'imagination, aidé par le dictionnaire d'architecture médiévale de Viollet-le-Duc. Aidé également par les mémoires du maréchal de Monluc, qui pointa sa canonnade sur la ville coupable de huguenoterie. Une brèche suffit à révéler l'illusion de l'antique édifice. La ville revint à la messe.

lectoure gers - barbacane - monluc - système défensif

 

Comme la soldatesque des rois de France et de Navarre venus soumettre la ville rebelle, comme le promeneur qui redescend à présent vers la Croix-Rouge entre noisetiers et lauriers, jadis, l'étranger ne pénétrait pas librement dans la place.

Pacifiques, pénitents, malades, mais justement parce que pénitents ou malades suspects aux yeux du sergent de ville derrière le judas de son guichet, durant des siècles, des milliers de pèlerins de Saint-Jacques, logés et nourris à l'hospice, hors le bourg, ou plus en amont encore sur le chemin, à La Peyronelle, ont furtivement contourné les murs de la ville pour rejoindre le gué ou le Pont de pile sur la rivière, laissant la citadelle peu charitable derrière eux, espérant d'autres clochers, la clémence d'autres cieux. Notre ceinture monumentale aujourd'hui labellisée, soignée et convoitée, n'a pas toujours été considérée avec émotion... Le patrimoine suinte la misère passée.

lectoure gers - cathédrale - fossés - patrimoine - remparts

 

A présent abattu en maints endroits, ouvert au monde et à son agitation, le rempart est une histoire en pointillés. Le bastion ne dirige plus ses canons sur les routes qui montent à l'assaut de l'étroite patrie. A leur tour, sous les marronniers, les amoureux, les touristes, et Petite Poucette sur son banc, prennent leur quart de garde.

 

                                                                             Alinéas

lectoure gers - bastion - esplanade des marroniers - vallée du Gers

 

© Photos Michel Salanié

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Rédigé par ALINEAS

Publié dans #Histoire, #La vie des gens d'ici

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Publié le 22 Juillet 2024

libellule - demoiselle - odonate - lectoure - gers - gascogne - agrion de mercure

Le carnet d'alinéas a déjà dit son admiration pour la libellule et sa cousine la demoiselle voir ici. Mais voilà qu'une photographe, amateure de talent, nous ramène sur la berge du ruisseau de Foissin pour la reprise saisonnière du ballet gracieux dont on se lasse pas, espérant surprendre l'Agrion de Mercure, rare et discrète danseuse étoile de la qualité de notre environnement, à deux pas de la ville.

 

 

La photographe, Torunn, Norvégienne, est une fidèle amie de la Mouline de Belin. Dans les années 80, entre Vendée et Lectoure, elle chaperonnait deux gamines venues en vacances chez leurs grands-parents, Odette et André. Son prénom la prédestinait pour cette mission de confiance, car il procède du dieu scandinave Thor, idole protectrice mais impitoyable avec les géants qui menacent les dieux... et par extension tous les êtres auxquels nous tenons. Depuis, elle n'a cessé de revenir chez nous, à intervalle, amoureuse des panoramas de la citadelle, de la fontaine Diane, aimant flâner dans notre rue commerçante, prétendument Nationale mais toutefois très exotique pour un regard hyperboréen. Et cette année à nouveau, pour un safari délicat.

Du 5 au 13 octobre prochains, Torunn exposera ses photos dans sa ville de Drøbak, sur le fjord d'Oslo. Notre gracieux insecte gascon y trouvera t-il une cimaise où se poser ? Ce serait alors... "Une demoiselle venue du sud" !

 

L'occasion est trop belle pour Alinéas de quitter un instant notre petit - si, si, il faut être lucide - univers gascon : Torunn nous invite dans son pays, l'un des plus beaux du monde. Magie des grands espaces où semble parfois glisser dans le brouillard l'ombre d'un drakkar.

                                                                                  Alinéas

Aurore boréale à Singsås, Trøndelag

 

Compagnie de mouettes "à l'affut"

 

Le mont Hummelfjell au sud de Røros

 

Séchage de Poissons à Henningsvær, îles Lofoten

 

Sortland, archipel des Vesterålen

 

Pleine lune sur Drøbak

 

Les sirenes de Drøbak, sculpture de Reidar Finsrud

 

Les îles Lofoten

Pour apprécier plus encore le pays de Torunn, deux options : y aller, tentant non ?... ou lire la saga médiévale Kristin Lavransdatter. Les forêts, les montagnes et les fjords majestueux de Scandinavie et leur histoire ne pouvaient pas ne pas inspirer une belle plume. Ce fut Sigrid Undset dont les écrits décrivant la vie nordique au Moyen Âge et réputés pour dessiner d'émouvants portraits de femmes, victimes ou forts caractères, lui ont valu le prix Nobel de littérature en 1928.

" Au fond de la vallée, les ombres plus épaisses faisaient déjà régner le crépuscule sur les terres brunes et nues ; cependant l'air de cette soirée de printemps paraissait saturé de lumière. Les premières étoiles scintillaient, humides et blanches, dans le ciel, là où le vert glauque du couchant se fondait peu à peu avec le bleu sombre de la nuit.
Mais au dessus de la ligne noire des montagnes, de l'autre côté de la vallée, trainait encore un liséré de lumière jaune dont le reflet éclairait la paroi de rocher escarpée qui surplombait la route. Et tout en haut, ce même reflet faisait briller les crêtes neigeuses et étinceler les glaciers, d'où jaillissaient des ruisseaux qui bruissaient sur le versant. L'air tout entier frémissait de leur chant. En bas, le grondement puissant du fleuve leur servait d'accompagnement. Puis il y avait le gazouillis des oiseaux s'élevant de tous les bosquets, de tous les taillis, de tous les coins du bois
."

                               Sigrid Undset - Kristin Lavransdatter - La croix

 

August Cappelen - Cascade dans le Télémark

 

Photos. Tous droits réservés : toropictures2024@gmail.com

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Publié dans #La vie des gens d'ici, #Beaux arts

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Publié le 15 Mai 2024

La carrière de Pertuzé, très riche en thèmes divers et largement dispersée sur la grande Occitanie, du Languedoc au Bordelais, de la Garonne aux Pyrénées, a été évoquée lors de l'hommage officiel qui lui a été rendu les 10 et 11 mai. C'était un des objectifs des organisateurs : faire connaître tous les talents, tous les centres d'intérêt de cet illustrateur curieux, ouvert et généreux.

Mais Pertuzé n'a jamais vraiment quitté Lectoure. Il y revient souvent et dessine sa ville comme personne. Bien sûr, Jean-François Bladé son compatriote tient une place prépondérante dans cette oeuvre. Les contes de Gascogne que Pertuzé a magnifiquement modernisés, tout en les respectant à la lettre, seront à l'affiche vendredi 17, grâce à l’association les Gasconnades.

Le lendemain, samedi 18, Michel Salanié commentera une grande part des illustrations de Pertuzé consacrées à Lectoure. Personnages célèbres ou oubliés, monuments, anecdotes... Le panthéon personnel de ce Lectourois original et très bien documenté.

Enfin, dimanche, à 17 heures, ce sera le Pertuzé-auteur que l'association Lectoure à voix haute lira, en balade dans la ville, au son de l'accordéon. Souvenirs, caractères, ambiance... un Lectoure aujourd'hui disparu. Sans nostalgie. Juste la mémoire.

                                                              Alinéas

Qu'on se le dise !

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Publié le 11 Mai 2024

Du 11 au 26 mai, à l’Office de tourisme de Lectoure, une exposition présentera une magnifique collection d’affiches, dont un grand nombre appartient au fonds du musée Dupuy des arts précieux de Toulouse. Ces affiches sont révélées au public pour la première fois depuis leur archivage dans les rayonnages sécurisés de la capitale régionale.

L’art de notre illustrateur y est magistralement mis en valeur.

Jean-Claude Pertuzé est passé par les Beaux-Arts de Toulouse. Il maîtrise les règles classiques de la perspective, du relief, du modelé… mais en même temps il est enfant du vingtième siècle et il joue alternativement ou simultanément, sans complexe, de l’art moderne, du pop art, de la publicité, du minimalisme de la BD, de la caricature… pour un style très personnel, vivant, plein d’humour et de bonne humeur.

La technique fétiche de Pertuzé, le trait hachuré, trouve sur ce support de communication éphémère un traitement original par rapport aux bandes dessinées et aux ouvrages illustrés de Pertuzé où le noir domine, pour un effet dramatique et intimiste. Ici, au contraire, ce sera le plus souvent la fête, la lumière et le collectif.

Des affiches de tous les thèmes préférés de Pertuzé ont été sélectionnés par Michel Salanié pour que l’exposition soit vraiment représentative du très étendu registre de l’illustrateur : folklore, arts de la scène, littérature, festivités locales traditionnelles…

L’exposition comportera également, grâce à plusieurs collectionneurs, une importante sélection d’ouvrages, de dédicaces, de coupures de presse, d’objets de la vie courante illustrés par Pertuzé, disque, jeu de carte, béret, bouteilles de vin, de whisky, cartes postales… Un inventaire "à la Prévert"… mais "à la Pertuzé".

Pendant trois jours, du 11 au 13 mai, l'exposition "La thématique Pertuzé" sera également visible dans la salle des pas perdus de l'hôtel de ville avant d'être installée à la Médiathèque à partir du mardi 14.

 

Office de Tourisme Gascogne-Lomagne

Accès par la cour de l’hôtel de ville

 

Du 11 au 26 mai. Du lundi au jeudi 15H-18H, les vendredi, samedi et dimanche 10H-12H et 15H-18H.

Informations auprès du comité d’organisation de l’hommage à Pertuzé :

Tél. 06 26 18 52 00

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Publié le 6 Mai 2024

Premier évènement de notre hommage à Pertuzé, illustrateur lectourois, une table ronde pour évoquer l'homme et l'artiste. Bien sûr, ceci s'adresse à nos lecteurs lectourois et voisins que nous invitons à venir nombreux vendredi à la salle de la Comédie mais les abonnés du carnet d'alinéas éloignés aimeront nous accompagner deux semaines encore, virtuellement, sur ce chemin de l'amitié.

 

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Publié le 3 Mai 2024

Rédigé par ALINEAS

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