A Lectoure en Gascogne, mon carnet à tout propos. Moulins, châteaux et ruines,
à propos des chemins et des bois aussi, des plantes sauvages et comestibles, romans et légendes, à propos de la vie des gens d’ici, hier ou aujourd’hui. Carnet-éclectique.
Pertuzé nous avouait ne pas être trop "botanique". Il se souvenait toutefois d'une sortie scolaire sur le ruisseau de Foissin, sous la houlette de Mr Féral, professeur au Maréchal Lannes (l'ancien, oui l'ancien lycée pas l'ancien Maréchal), pendant laquelle on étudiait en détail le Carex pendula, la Laîche pendante en langue vernaculaire. A plus de 50 ans d'intervalle, pas botanique peut-être mais bonne mémoire c'est sûr.
Cependant et quoi qu'il en dise, les illustrations de l'ouvrage "Activités nature pour les 5-8 ans" de Frédéric Lisak aux éditions Casterman, sont une vraie merveille. Celle-ci par exemple, illustre un jeu très excitant, qu'en pensez-vous ? : s'approcher d'un arbre les yeux bandés, toucher, sentir, la forme, l'odeur, la texture... et puis s'en éloigner, libéré du bandeau, et essayer de reconnaître le sujet, à distance cette fois, parmi tous les autres arbres. Une façon très sensitive d'apprendre la nature. Ça vaut mieux qu'une console de jeu.
Dans la catégorie Nature, il y a aussi "l'Herbier érotique" de Bernard Bertrand aux éditions Plume de carotte, si finement illustré. Mais là, ce n'est pas un jeu d'enfant...
A la semaine prochaine ?
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A l'occasion de l'hommage qui sera rendu à Pertuzé en mai prochain dans sa ville de Lectoure, nous sommes heureux de vous souhaiter une bonne année avec cette superbe illustration des aguilhonèrs en train de pousser leur aubade devant la porte que l'on a bien voulu leur entrouvrir dans la nuit glaciale. Oui, c'est vrai, les superlatifs reviennent souvent dans cette série de chroniques consacrées à notre illustre illustrateur. Superbe, magnifique... Mais vous ne trouvez pas qu'il le mérite ? Sur le thème de la musique cette fois-ci.
Les aguilhonèrs sont ces groupes de jeunes gens qui allaient autrefois, pendant la période de l'Avent, de maison en maison, pour demander, en chanson, des victuailles, noix, œufs, farine, voire de l'anis et des citrons, qui leur permettaient de confectionner le pain qui serait béni pendant la messe de Noël. On pense que leur nom vient du grand bâton qu'ils tiennent, sorte de pique-bœuf, et qui sert éventuellement à se battre car les bandes rivales se croisent en chemin et peuvent alors être tentées de se dégourdir... Si on ne leur ouvre pas la porte d'ailleurs, le chant traditionnel peut aussi tourner au charivari, qui est une autre façon d'orchestration, quelque peu désordonnée et cocasse celle-là. Dont je ne vous dis pas les paroles... Restons classique.
e Gascon aime chanter. Et danser. Pertuzé je ne sais pas, mais il dessine joliment bien la musique gasconne. Cependant, on apprend dans un portrait qui lui a été consacré* qu'il aimait travailler dans son atelier, au calme, au fond du jardin, sur des accents "Jazzy" nous dit-on. Tiens, voilà qui nous fait faire un petit détour sur les chemins des musiques du monde. Car notre illustrateur n'est pas limité par le périmètre musical Pyrénées-golfe de Gascogne-Garonne. Pertuzé est passé à Jazz in Marciac, bien sûr. Pris sur le vif, ce croquis-caricature réjouissant du clarinettiste de réputation internationale Jacques Gauthé, encore un Gersois té, en 1991, en est le témoin.
Autre registre, mais ne me demandez pas comment ni pourquoi Pertuzé illustre l'article de Wikipédia consacré au film Un violon sur le toit. Un violoniste, perché sur un toit, tente de jouer un air de virtuose tout en maintenant son équilibre. L’image est inspirée des tableaux de Marc Chagall. C'est le Juif moyen d’Europe de l'Est, confiné au 19ième par l'empire russe entre la Lituanie et l'Ukraine (tiens, tiens...), vivant bon an, mal an dans son petit village, parfois depuis des générations, en se raccrochant à ses traditions.
Revenons en Gascogne. Pertuzé a plusieurs fois illustré et réemployé l'histoire de son ancêtre Berdolles, joueur de vielle à ses heures. Histoire vraie qu'il situe autour de la Révolution. Alors qu'il était employé à faire danser une noce du côté de Fleurance, le bal terminé, Berdolles dut rentrer chez lui, à Lectoure, tard et de nuit. En traversant la grande forêt du Ramier, sentant une présence derrière lui, il se retourna et vit qu'il était suivi par le loup. Tremblant de peur, il eut la présence d'esprit de marcher en jouant de son instrument, ce qui intrigua la bête et la tint à distance. Arrivé chez lui, le pauvre musicien pris de fièvre, mit trois jours à s'en remettre et à pouvoir conter son étonnante aventure. De l'intérêt de savoir jouer d'un instrument. Mais peut être l'effet de magie est-il lié à la seule vielle ? Il eut fallu renouveler l'expérience avec le pipeau ou l'harmonica...
Enfin, pris dans le mouvement de renouveau occitan dans les années 70, dont il est lui-même une icône avec sa BD Les Contes de Gascogne, renouveau en particulier de la musique et de la chanson traditionnelle, l'artiste lectourois illustra magnifiquement la pochette du disque Tresòrs Gascons rassemblant les interprètes et les groupes vedettes de l'époque, Los de Nadau (devenu Nadau tout court, il remplit encore 50 ans plus tard, les salles géantes, Olympia, Zénith, les églises, les placettes de villages, surtout de Navarre mais de France aussi), Perlinpinpin fòlc, Ferrine flòc et Henri Laffont. Pertuzé imagine ce couple de jeunots, déterminés face à l'apathie ambiante, en blue-jeans et Clarks, décontractés, lui cheveux longs mais béret tout de même, elle cheveux défaits, faisant la leçon à l'ancien :
- Non Papi, ce n'est pas vieux, c'est la musique de notre terre. Écoute. Tu entends ça ?
Il est impossible de vous proposer les premières vignettes de cette BD. Ce n'est pas le Noël familial, tendre et rassemblé que l'on aime, mais l'instant jaloux de la méchanceté et de la profanation qui n'en démordent jamais. Passeur de légendes et de traditions, notre illustre illustrateur a dessiné "La nuit de Noël", ce conte gascon de Bladé terriblement noir, né à l'époque où le diable osait s'approcher à peine à un vol de corbeau de la ville pour y dire sa male messe. Mais ce temps est-il vraiment révolu ?
Aussi, pour ne pas troubler l'ambiance de la douce et sainte nuit, nous avons choisi pour cette dernière Pertuzé de la semaine en 2023, la dernière vignette de la BD, où tout est redevenu serein sur le Bastion. Sonnent les cloches de Saint-Gervais Saint-Protais, enfants martyrs des temps barbares. Té, mai petits mainatges !* Les flambeaux se rassemblent sur le parvis. Éteignons l'éclairage public et vous verrez que rien ne change ici. Envers et contre le malin.
Bon nadau !
* Tiens, encore des petits enfants !
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Très actif sur internet et sur les réseaux sociaux, Pertuzé en adopte le langage. Mieux, il l'enrichit. L'illustration se prête bien à ce mode de communication. Si certains craignent que les émojis ou émoticons, que notre illustrateur nomme "pertucons" d'un jeu de mot... gas-con incompréhensible pour les internautes d'outre-Garonne, ces petits dessins un peu simplistes, ces pictogrammes, finissent par appauvrir la langue, d'autres pensent au contraire qu'ils conviennent aux messages électroniques, trop rapides pour que l'on puisse exprimer des sentiments et les illustrent à la place de longs discours que l'on n'ose pas rédiger, par pudeur ou par manque de temps. L'émoji met du sentiment sur la toile.
Bon, je ne vais pas vous faire un cours ! Si Pertuzé a mis en ligne |ici] des émojis à sa façon c'est bien qu'il y croyait un peu, Morburre ! Il s'est même "autoémojiportraituré" sur Wikipédia ! Autodérision, pied de nez, pirouette... va savoir. Et sur fond de Pyrénées, là le message est clair.
A la semaine prochaine ?
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Pertuzé se glisse parfois lui-même dans ses propres illustrations, plus ou moins ostensiblement, physiquement ou au travers d'anecdotes personnelles.
La fille du Capitoul est sans doute la BD où il s'est le plus impliqué. L'action nous conduit de Toulouse où il vivait et qui lui a donné tellement de matière à dessiner, en Gascogne, "de retour au pays", pour un sabbat des sorcières inspiré des Lectourois Jean-François Bladé et Alcée Durrieux, pour une enfarinade autour du moulin d'Aurenque entre Lectoure et Fleurance, sur la Garonne enfin, jusqu'à Bordeaux et l'Atlantique. Cabale déjantée jusqu'au phare de Cordouan qui lui offrira son horizon ultime dans un autre texte, autobiographique affirmé cette fois, publié sur le blog Lactorates et évoquant sa propre mort... Prémonition ?
Le vieux mendiant qui accompagne Silve du Bazacle, le héros de cette BD, sorte de Jiminy Cricket en guenilles, s'appelle Pertuseri ! De l'italien "charpentier de navire". Pertuzé s'est fabriqué un ancêtre, un mentor, une conscience.
Le scénario, érudit autant que baroque, emprunte très clairement au roman "Le Dieu manchot', du Portugais José Saramago, prix Nobel de littérature, ce qui donne une idée de la qualité des sources d'inspiration de notre homme.
La vie et les aventures de Silve du Bazacle laissait augurer d'une suite, qui ne viendra pas. Morburre !
Pertuzé ne quittait jamais son béret. Ou presque. Fétiche, fantaisie, marque de fière appartenance à son pays de Gascogne, ou simple plaisir personnel comme vous portez peut-être la moustache ou des boucles d'oreilles, et on ne vous demande pas pourquoi. Il était en relation sur internet avec un vendeur de bérets... néo-zélandais ! Notre Lectourois a offert à son ami Daan Kolthoff, ce fou de bérets des antipodes, plusieurs illustrations très drôles* sur le thème du couvre-chef gascon et celle-ci, très symbolique, qui inaugure notre série.
"Le magicien du béret", c'est le titre de cette première "Pertuzé" hebdo. Tout son art y est : la perspective, le mouvement, la fine expression de plaisir et de tranquille assurance du visage. Et l'ambiance fantastique, la magie, que l'on retrouvera souvent chez notre illustre illustrateur.
Jean-Claude Pertuzé (1949 - 2020) est célèbre pour avoir mis en bande dessinée un choix de contes de Gascogne, collectés près de cent ans auparavant par un autre Lectourois, Jean-François Bladé. Mais Pertuzé a eu une carrière beaucoup plus complète et riche. Illustrateur de presse, affichiste, pyrénéiste, portraitiste, contributeur de l'encyclopédie en ligne Wikipédia, il aborde de nombreux thèmes, littérature jeunesse, humour, érotisme, lexicologie, ésotérisme, histoire, celle de notre ville en particulier qu’il n’a jamais oubliée et dont il voulait écrire et illustrer une chronique originale, mais le temps lui a manqué. C'est cette diversité de registres qui nous a fait choisir le sous-titre de la manifestation programmée en 2024, reprenant et adaptant une de ses devises :
" L'illustration en tout sens ".
Le carnet d'alinéas lui avait déjà rendu hommage peu de temps avant son décès [ voir ici ], mais en ne reproduisant alors que des illustrations autour de Lectoure. Or, précisément, on s'aperçoit que les Lectourois eux-mêmes, qui sont les plus nombreux lecteurs de ce blog ne connaissent pas l'étendue de la carrière de cet artiste. L'hommage que nous nous sommes chargés d'organiser au printemps prochain pourra corriger ce manque et explorer ses différents talents.
Puisqu'il s'agissait de présenter et de commenter une collection de publications illustrées par l'artiste lectourois, dont certaines sont déjà consultables à la Médiathèque-Info jeunes de notre ville, le projet a été soumis à l'origine à ce service culturel communal, qui a sans hésiter, marqué son intérêt. Complété et précisé avec l'équipe de la Médiathèque, le programme de la manifestation a été présenté à la Municipalité qui l'a agréé.
Un comité d'organisation bénévole est constitué regroupant, outre votre serviteur et rédacteur de ce carnet d'alinéas, Jean-Claude Ulian, Saint-Clarais, le viel ami et auteur d'un certain nombre d'ouvrages illustrés par Pertuzé, Hugues de Lestapis, journaliste, qui a édité pendant plusieurs années le magazine gratuit Le Canard gascon et Aline Salanié de la maison d'hôtes La Mouline de Belin, qui se charge du secrétariat, des relations publiques et qui organisera l'accueil pendant la manifestation.
D'ores et déjà deux associations lectouroises nous ont rejoints. Les Gasconnades proposera un conte de Bladé en gascon, accompagné d'une projection de la bande dessinée du même texte en français par Pertuzé. L'association Lectoure à voix haute de son côté, lira des textes rédigés par le natif de Lectoure, anecdotes, souvenirs et pensées inspirées de son pays toujours aimé. Le détail des manifestations sera publié au tout début de l'année prochaine.
Une page Facebook consacrée à cet Hommage à Pertuzé diffusera des informations au fur et à mesure du développement de ce projet et en particulier, une série hebdomadaire intitulée "La Pertuzé de la semaine" qui permettra de commenter, dans la bonne humeur qu'il suscitait, les différentes facettes de l'art de notre illustre illustrateur.
Michel Salanié
Les personnes ayant connu Jean-Claude Pertuzé sont vivement invitées à nous apporter leurs témoignages et à prendre contact.
Pour toute information :
Courriel : pertuze.lectoure2024@gmail.com
Aline Salanié Tel. 06 26 18 52 00
ou bien la Médiathèque
Courriel : bibliothèque@mairie-lectoure.fr
Tel. 05 62 68 48 32
Suivez-nous sur la page Facebook "Hommage à Pertuzé".
es sculptures d'Erika Fiechter sont petites, des statuettes d'argile, des figurines. Mais elles nous apparaissent géantes, car elles ouvrent des gouffres de sentiments, des horizons de sensations, des voyages au long cours dans l'âme humaine. Dans l'âme végétale aussi. L'arbre y est à la fois tutélaire, totémique, refuge. Et vivant. Si l'individu ou le couple semblent flotter dans l'espace, perdus dans leur questionnement, esseulés, fragiles, à peine soutenus par le geste amoureux, l'arbre offre son corps aux corps, et ses branches leurs élans aux bras qui se dressent à la recherche d'on ne sait quelle divinité, et cependant les retenant à la terre-mère. Parfois l'une et l'autre natures allant jusqu'à s'entremêler dans une extase, la liane amoureuse, le sein qui fleurit.
Dans le monde d'Erika, qui s'il est allégorique n'est pas une illusion, la nudité est une évidence, qui donne toute sa place au geste, à l'humanité absolue. Un langage sans artifice. Une danse en habit de nature. On croit entendre des percussions monter en rythme des profondeurs de la forêt primaire. A moins que ce ne soit un battement de cœurs. Ces couples quasi-gémellaires disent l'éternel essentiel, la tendresse, le soutien, l'offrande.
De toute humanité, dans les entrailles de son abri rocheux, sur l’autel de ses dieux mânes, Homo Naturalis contemple, surpris de sa propre audace, la poignée de glaise qu’il a modelée pour figer l’idée de sa quête d'idéal, pour offrir à ses frères et sœurs l’image d’une espérance partagée.
Alinéas
Erika Fiechter a exposé au printemps 2022 à la galerie MGH-LİP de Lectoure. Installée à Vic-Fezensac depuis de nombreuses années, elle pratique également les médecines naturelles. La psychologie et son cadre de vie bucolique lui inspirent les thèmes de ses sculptures.
aut-il pour peindre ses semblables aussi justement être leur sœur ? Faut-il être homme pour découvrir à chaque belle rencontre que le mystère et la grâce se nourrissent l'un l'autre ?
Je connais ces femmes. Une jolie grand-mère partie trop jeune. L'amie perdue de vue dans les méandres de la vie. Et cette inconnue qui ne m'a pas regardé mais dont le visage me poursuit.
Swan Scalabre est née en Provence et vit aujourd'hui en Lomagne. C'est sans doute, parmi de nombreuses sources d'inspiration, ce qui donne à ses ciels cette puissance et à ses personnages cette authenticité. Bergères, promeneuses du soir, amies partageant quelque secret, âme solitaire ou patiente... Il y a du réalisme dans cet impressionnisme. Une paix intérieure dans ces horizons tempétueux.
- Vous souvenez-vous de ce jardin clos ?
- Reviendrons-nous un jour sur ce chemin finissant si loin du monde ?
Mais il est vain de vouloir partager une émotion. Seul le poète s'y essaie. Encore doit-il invoquer Dieu et de ce fait avouer sa propre ignorance. Invoquer le parfum des roses, le vent et l'abîme.
Alinéas
Merci à Swan Scalabre pour son aimable accord sur ce choix d’œuvres.
Un regard innocent et si intense à la fois. Vous serez d'accord, il fallait se dépêcher de le capter ? Saisir un rayon de soleil éphémère sur la muraille aussi, ou une écharpe de brouillard s'évaporant entre les peupliers dorés à l'automne. Et ces nuages qui passent, là-bas, les merveilleux nuages... Vite, arrêtons l'instant, pour en jouir, sinon toujours, du moins encore un peu. Eternelle quête du beau, souvent fugace, toujours indicible. Depuis les fantastiques scènes animalières d'Homo Sapiens tracées d'ocre et de charbon par un doigt sorcier sur la paroi humide de la grotte profonde, façon de chambre noire paléolithique, l'art consiste à figer le temps qui passe, le mouvement, la lumière. Et depuis Nicéphore Niépce, la photographie multiplie et facilite à l'infini les possibilités. Alors, tous artistes ? Munis de notre iphone, publiant sans jury d'admission sur les cimaises virtuelles, instantanément mondialisées. 3 000 images sont diffusées sur Instagram à chaque seconde qui passe !
Ohhh, admirables couchers de soleil tweetisés, ohhh charmants selfies, sitôt likés déjà stratifiés sous une montagne de post amicaux et sponsorisés confondus !
Je ne me moque pas. Je fais partie du jeu.
Mais alors comment distinguer l'essentiel du superflu, l'unique du foisonnement ambiant, le remarquable du facile ? Nous n'avons pas encore beaucoup de recul, mais il semble toutefois que les grands photographes résistent à l'hyper inflation de l'image. Leurs tarifs en salle des ventes tendent à le prouver, mais ce n'est pas uniquement une question d'argent. Je suis sûr que vous vous souvenez d'avoir vu ces photos, ou d'autres, qui nous ont marqués à jamais. C'est sans doute là, la marque de l'art : l'émotion.
Nous avons la chance d'avoir à Lectoure (Goutz, c'est chez nous, non ?), une photographe de talent, éclectique, amoureuse de la Gascogne, dont elle n'est pas la fille et peut-être vaut-il mieux arriver avec un regard neuf, un personnage pétillant, drôle, qui ne mâche pas ses mots, ni ses clichés, et qui défend ses valeurs comme on dit aujourd'hui. Vous devez la connaître. Isabelle Souriment. Tiens, cette photo par exemple, qui a fait la couverture remarquée d'un livre à deux mains*.
Si vous ne l'aviez jamais vue, J'imagine que cette photo de Lectoure prise depuis le sommet de notre clocher emblématique devenu trépied gargantuesque, devrait vous troubler. Cette atmosphère irréelle et pourtant si proche est émouvante, pour les lectourois mais aussi pour tous ceux qui aiment cette ville et enfin ceux qui ne la connaissent pas mais en auront inévitablement envie après avoir admiré cet instantané entre chien et loup aux multiples connotations : majesté, couleur, chaleur, fête, sérénité, espaces, cheminements, histoire... C'est vraiment très riche. Et bien vu.
Bien sûr, la photographie est un métier. Il y a la technique, le matériel optique et de plus en plus électronique, les règles de la composition, le sujet imposé... Mais Isabelle y met aussi de l'esprit. Son amour de la Gascogne, et de la Lomagne en particulier, relève d'un choix de vie qui se devine dans son travail. Et puis, il y faut du temps, de la constance, de l'obstination, le secret des grands cœurs, disait Victor Hugo.
Comme toujours dans cette rubrique Beaux-arts, je vais vite arrêter là mon bavardage et laisser toute sa place à l'artiste. Faire un choix est toujours réducteur. Mais cette plongée dans l'abondante photothèque d'Isabelle Souriment fut un moment de plaisir que je voudrais vous faire partager. Ces vues racontent bien la Gascogne d'aujourd'hui, belle, simple et joyeuse. Quelques-unes sont glanées ailleurs sur la planète. Pour l'ouverture d'esprit.
Alinéas
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PS. Le titre de cet alinéa est emprunté à un grand photographe, parmi mes icônes : Jeanloup Sieff.
* Le livre En pays de Gascogne, Photographies Isabelle Souriment et Matthew Weinreb, se trouve encore d'occasion chez Amazon, Fnac etc... Mais faites viiite !
On retrouvera avec plaisir d'autres photos d'Isabelle Souriment ici :