La galerie de rosiers de La Mouline de Belin
Publié le 17 Juin 2019
Mon grand-père Auguste habitait un moulin. Un autre moulin. Entre Quercy et Périgord. Il cultivait un très joli jardin. Bien mieux tenu que le mien, mais j’ai des excuses.
Oui, le lecteur fidèle aura remarqué que je fais souvent appel à la caution de nos anciens. Paroles de sages en héritage. Façon de patrimoine virtuel.
Donc, Auguste offrait souvent à ses visiteuses une rose de son jardin en précisant que c’était là le privilège de l’âge de pouvoir honorer la beauté d’une femme sans provoquer la jalousie de son cavalier ou l'intervention de son tuteur.
Avec lui, et devenu grand-père à mon tour, je vénère dans mon panthéon, les galants célèbres qui ont également, en mots joliment choisis et agencés, chanté la femme en la comparant à la reine des fleurs. Ronsard, Hugo, Apollinaire… Toutefois, depuis les remparts de la citadelle d'Armagnac, j’ai préféré interroger l’horizon de notre éden gascon, outre-neige, derrière la montagne-fontaine, au pays cousin où l’on jette les pétales de rose, comme des banderilles, aux pieds de Dulcinea, Carmen ou Concepción. Le grand poète espagnol Federico García Lorca inverse la métaphore et compare la rose aux charmes féminins.
Facile un alinéa de photos ? Ce serait sans compter le temps de jardinage. Et celui à passer à badauder devant le résultat. Voici donc les roses de notre Mouline. Avec une prédilection pour les rosiers anciens. Encore l’héritage. Et le côté sauvage. Le nom de chaque sujet n’est pas toujours certain. Particulièrement lorsque nous les avons chinées dans les jardins voisins. Certains sont poétiques, d'autres démodés. Mais il faut bien rendre hommage à la patience de ces rosiéristes, geppettos sculptant leurs créatures dans les bois de Rugosa et Canina, alchimistes de la ronce, de véritables artistes, inventeurs de beauté, de surcroît renouvelée saison après saison.
ALINEAS
PHOTOS:
- Roses de La Mouline de Belin © Michel Salanié